Étape 35 : Osserain-Rivareyte (64) à Saint-Palais (64) – 13 km (923 km)
Réveil vers 7h00 avec une barre au front et deux boutons de fièvre aux lèvres. J’ai mal dormi et me sens tout brouillé. La cuisine de Pascal était bonne, l’ambiance sympathique, mais peut-être est-ce le rosé espagnol qui est mal passé ? À moins que cela soit l’accumulation de la fatigue ? Toujours est-il que j’ai du mal à me lever.
Il faut toutefois faire bonne figure lors du petit-déjeuner pris ensemble. Copieux, avec des confitures du jardin. Comme je n’ai pu me brancher au wifi, Pascal me permet d’utiliser son ordinateur pour poster ma chronique d’hier. Un voisin est venu nous donner quelques fruits du jardin pour la route. Geste appréciable de l’accueil basque puisque désormais j’ai quitté le Béarn. Sauveterre était le dernier bastion permettant de contrôler alors les remuants Basques.
Traditionnelle photo de départ. Joanna reprend la route à vélo vers Bayonne, personnellement vers les Pyrénées marchant.
Il est 9h00, il faut prendre la route. Je ne me sens pas bien. Après quelques hectomètres, je rends à la nature mon petit-déjeuner et les restes du diner d’hier soir. Il me faut boire un peu d’eau pour me rincer la bouche. Plutôt que de continuer à marcher, je m’arrête à l’orée d’une forêt où, adossé contre un arbre, je ferme les yeux. M’étant endormi, je suis réveillé par un tracteur au bout d’une demi-heure. Cela va mieux. La dégustation de deux fruits me permet d’éloigner la sale sensation que j’ai dans la bouche avant de reprendre mon parcours.
La nature est souriante, je marche à mon pas de sénateur. J’arrive à la borne qui autrefois marquait la frontière entre la France et la Navarre. Ongi etorri ! Bienvenue ! À l’évidence, je ne vais pas faire une longue étape. Je vais m’arrêter à Saint-Palais après une petite étape de treize kilomètres seulement.
Sur le chemin, un âne vient le long de la barrière en faisant ses hi-han assez agressifs. Peut-être veut-il défendre le petit ânon que j’aperçois non loin de là ?
J’atteins vers midi Saint-Palais dont le nom vient de saint Pégase, un otage martyrisé à Cordoue en 926.La cité est reconnue dès le XVIe siècle comme la capitale de la Navarre avec Henri III de Navarre devenu Henri IV de France. Je dois attendre 14h00 que le gite jacquaire ouvre ses portes. J’achète des fruits et vais m’allonger auprès de la rivière. Il y a une sorte de mini cascade dont le bruit et la vue me font du bien. Il fait frais, c’est agréable.
J’en profite pour visiter l’église avec sa remarquable décoration du chœur. Puis, je passe à l’agence postale pour renvoyer des documents et cartes chez moi à Dijon. Il faut s’alléger.
Vers 14h00 donc Cécile, notre hospitalière accueille les quelques pèlerins qui attendaient, dont moi bien sûr. Alors que je prends le pot à base de menthe bien fraiche, voilà Christophe qui arrive. Il fait étape ici. Nous sommes contents de nous revoir et d’être de nouveau réunis. Après avoir réglé mon écot (douze euros, plus le repas partagé en commun à dix euros), je vais m’allonger et dormir trois heures. J’avais besoin de récupérer.
Dans le cloitre, je profite du temps disponible pour converser avec Christophe et mieux le connaitre. C’est un homme de forte corpulence plein de richesses, la passion de la musique étant au centre de sa vie.
Quand il était jeune, il représentait la Belgique dans les chorales européennes se déplaçant en Europe pour donner des concerts. À 21 ans, il fut victime d’une crise cardiaque. Les médecins lui conseillèrent d’arrêter ses engagements à cause du stress engendré par cette possession de la musique. Il refuse. Les médecins lui donnent quelques années à vivre. Il a dépassé cette date de sept ans, et comme il me dit : « Tout est du supplément maintenant ».
Nous allons en ville faire quelques courses en ville pour le lendemain.
Vers 19h00, nous passons à table, rejoints par deux cyclistes néerlandais, deux cyclistes françaises (sœur Bernadette et une amie, Isabelle), Marie-Pierre, sa fille et sa nièce. Une belle tablée. La cuisine concoctée par Cécile est très bonne, je n’ai aucune difficulté à l’avaler. Il faut dire que le lieu est magique. Nous sommes dans un ancien couvent franciscain où les moines vivaient encore en 2005. Nous mangeons autour du patio rempli d’arbustes et de fleurs odorantes. Une soirée amicale fait d’échanges d’une grande richesse.
Avant de me coucher (vais-je dormir ?), je prends une bonne camomille avec Christophe et notre cycliste néerlandais.
À demain - Alain, Bourguignon la Passion.