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Publié par Alain Lequien

  

Pourquoi ce pessimiste soudain ? Nous occupions une chambrée de six, notre espoir était qu’ainsi nous pourrions dormir tranquillement. Simon avec son humour québécois les appelle les barons de la route, car certains n’hésitent pas à passer très près des marcheurs au risque de nous frotter ou de nous renverser. Tout leur est dû : nous les marcheurs, nous ne sommes pas de la même catégorie. Heureusement, ils ne sont pas tous pareils.

Comble ce malheur, l’un d’eux ronflait fortement. Simon, se moquant de mon propre ronflement eut ce mot : « Toi, à côté, tu es un amateur ». Cela veut tout dire.

Lorsque je me lève, j’oublie de couper mon téléphone-réveil réglé à 6h30. Il sonne pendant mon absence, coupé par Simon. Quand je reviens, tout le monde s’est levé. Je m’excuse, bien sûr.

Pendant le petit-déjeuner où je m’essaie au jambon cru – fromage, voyant qu’ils portaient des tee-shirts marqués Peregricos (mot latin ayant un lien avec étranger?), je leur en ai demandé la raison. Cet acte simple a détendu nos rapports tendus. En se moquant gentiment de cet affichage, les appelants pèlerins-marketing, Simon m’a fait remarquer avec son bon sens qu’ils étaient peut-être fiers de se démarquer de ceux qui portaient le nom d’une marque. Dont acte ! Il faut que je sois moins tranché. D’ailleurs, ils tiennent à nous prendre en photo avec eux.

Nous quittons le gîte pour passer à l’église Santa María. Cet édifice monumental richement décoré, construit en roman tardif du XIIe siècle fut modifié à plusieurs reprises pour devenir baroque.

Départ par la porte de Castilla en forme d'arc de triomphe de cette cité de Los Arcos forte de 4.500 habitants pour aller vers d’autres destinations. Pas de trace de Charles qui nous avait paru un bon compagnon de voyage. Peut-être est-il parti plus tôt ? Peut-être allons-nous le rencontrer en chemin ?

Direction Sansol. Si le soleil est déjà haut dans le ciel, sans nuages à l’horizon, il fait lourd ce qui n’empêche pas notre pas rapide. Au fil du temps, nous marchons au même rythme soutenu de concert en devisant. Les paysages sont toujours magnifiques. Vers midi, nous arrivons à Viana, une petite cité où doit se dérouler une fête avec des vaches.

La piste est déjà dressée sur la grande place et la foule nombreuse parcourt la ville en attendant une sensation forte : le lâcher des animaux en pleine ville. En attendant, les aficionados habillés de rouge et blanc passent de bar en bar pour déguster la cerveza. Peut-être pour se donner du courage face aux animaux ? Nous décidons de manger quelques tapas sur place, puis de sortir de la cité avant le lâcher des animaux prévu à 13h00.

En fait, dès la sortie de la ville, la Guardia Civile nous demande de nous mettre sur une hauteur, car les animaux doivent transiter par notre chemin. C’est ainsi que nous assistons à l’arrivée des animaux, un moment rare pour un pauvre pèlerin. Ce qui est évident, c’est que le peuple espagnol malgré les grandes difficultés qu’il traverse a le sens de la fête. Il fait preuve d’un grand optimisme dont notre pays aurait bien besoin.

Il nous reste une dizaine de kilomètres à parcourir pour parvenir à Logroño. Simon qui a expérimenté la sieste espagnole entre 14h00 et 16h00 me propose de la tester. C’est d’ailleurs ainsi que je l’ai rencontré en compagnie de Charles. Pourquoi pas ?

D’autant qu’avec le ronfleur… nous trouvons un endroit sympathique sous des arbres. Malgré le bruit des grillons ou autres insectes, je me suis assoupi.

Vers 16h00, nous repartons pour la fin de l’étape. La traversée de zones industrielles est pénible. Nous rencontrons un pèlerin belge tout bronzé revenant de Compostelle. Il est parti depuis quatre mois, et nous fait la manche. Pas de problème, il le mérite bien.

Nous rendant au gîte municipal, nous apprenons qu’il est complet. Nous nous rabattons sur le gîte paroissial nettement moins fun. Le coût, cinq euros petit-déjeuner compris. Comme il ne restait qu’une place en hauteur, un jeune Allemand me propose d’échanger nos places. C’est super-sympa.

Nous échappons à la messe prônée par le diacre africain en allant manger à l’extérieur. Le repas est trop touristique et de qualité médiocre. Au cours du repas, nous décidons d’un commun accord de nous séparer demain, toujours pour la même raison.

Demain, j’ai envie de n’effectuer qu’une petite étape de vingt kilomètres jusqu’à Ventosa.

Le coucher a lieu vers 22h00, mais la rue est très bruyante, et j’ai beaucoup de mal à dormir. Un autre gros ronfleur…

À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

 

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