Étape 44 : Navarrenx (64) à Aroue (64) – 24 km (1141 km)
Il est 7h00 lorsque la chambrée se réveille même si l’étape n’est pas trop longue. Avant même de prendre mon petit-déjeuner, il me faut retirer l’emplâtre d’argile verte installée hier soir. Ce fut rapidement fait au jet d’eau. Le résultat ? Une sensation de bien-être et une peau toute douce. Pour l’instant, je ne sens plus de douleur et ma jambe a un aspect normal. Effet placebo de l’argile verte ou des antibiotiques ? Je ne sais bien sûr pas répondre formellement.
Le petit-déjeuner est en libre-service. Avant de partir, chacun met sa quote-part donativo dans le pot au lait un peu difficile à ouvrir. Il faut passer au distributeur pour recharger le porte-monnaie (on ne paie qu’en espèces sur le chemin, pour les pèlerins comme nous).
En remontant vers le pont menant à la sortie de Navarrenx, nous apprécions l’humour d’un boucher local enserrant un cochon dans une main et un couteau de l’autre, avec ce commentaire : « Cochons, cochonnes, méfiez-vous !... Cet homme est dangereux. »
À la sortie de la cité, notre quatuor apprécie la grâce de ce pont magnifique et les murailles de cette cité jamais prise.
La marche reprend sur des chemins de terre, avec ces parties vallonnées que vous connaissez bien maintenant. Peu à peu, le groupe s’étire, chacun marche à son rythme. Bruno caracole en avant, Djam fait le lien entre tous. Il accélère parfois ou ralentit selon son humeur. Votre serviteur fait de temps à autre des pointes notamment dans les montées raides. Je suis heureux de voir que ma jambe tient. Quant à l’autre Alain, il marche à son pas, sans forcer.
Dans la forêt, de drôles de cabanes avec des chaises. Je ne suis pas sûr que cela soit pour nous, pauvres pèlerins, mais pour les réunions festives des chasseurs nombreux dans cette région étant donné le nombre important de palombières que l’on peut entr’apercevoir. C’est un sport national ici.
Sur la route, un fabricant de conserves locales a créé un lieu d’accueil de pèlerins. C’est attractif, car il n’y a rien autour. Mais très vite, c’est en fait pour vendre ses produits locaux. Votre serviteur est d’ailleurs pris en faisant envoyer à ma dulcinée quelques produits. Il faut bien faire plaisir… Elle les a bien reçus.
En continuant notre chemin, nous apprécions l’initiative d’une pèlerine qui a transformé l’un de ses garages en accueil pour le plaisir des bénéficiaires. Nous pouvons y déguster des produits frais, du café, du thé… C’est à chacun de mettre l’obole qu’il veut.
Puis, c’est le passage sur un gave rugissant, ces petits fleuves font maintenant partie du décor dans lequel nous cheminons.
Avant Aroue, nous trouvons le petit passage nous amenant au gîte Bellevue tenu par Marie-Paule et Marcel, recommandé par Jean-Claude. Marcel est d’ailleurs son compère dans la création et la mise en place des jardins de pèlerins dont je vous ai déjà parlé.
À la vitesse où chacun descend dans le champ qui mène au gîte, tout le monde (le quatuor et Yvonne) semble pressé.
L’accueil est chaleureux. Marcel nous propose d’utiliser la piscine où s’ébattent ses petits-enfants. Djam et Yvonne plantent leurs tentes respectives sur la pelouse alors que les trois vieux (et oui, on assume !) vont utiliser le confort du gîte. Nous y rejoignons l’Allemand et le jeune Autrichien déjà croisés.
Avant d’aller manger, il faut régler le coût de notre séjour, et passer au « supermarché » en utilisant une barquette comme chariot. Nos hôtes revendent à prix coûtant des produits (fromage, yaourt, fruits, légumes, œufs…), car la prochaine épicerie est située assez loin. On peut les manger le soir même en restant au gîte, ou les emmener demain comme provisions de bouche dans le sac. Une bien bonne idée. On passe à la caisse tenue par Marie-Paule qui nous délivre une facture en bonne et due forme.
Chose faite, comme nos hôtes ne font pas à manger, ceux qui le désirent peuvent aller diner dans un restaurant voisin. Ce sera le cas des cinq occupants du gîte, les campeurs mangeant sur place. Marcel nous y amène avec son minibus. Nous y sommes rejoints par Jean-Claude. Et là, quelle déception ! Non seulement le repas fut très moyen, mais l’ambiance fut loin d’être festive. On a vraiment l’impression que l’on dérange. De plus, le prix demandé est plus cher que ce qui avait été annoncé. Bref, certainement un point à revoir par notre hôte.
Le soir, de retour au gîte, nous eûmes une grande discussion sur l’universalité qui se déroula autour d’une bouteille de vin et quelques bières. Il est plus de 23h00 lorsque chacun rejoint sa couche.
À demain - Alain, Bourguignon la Passion.