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Publié par Alain Lequien

 

  Comme nous ne sommes que deux dans la chambrée, la nuit fut pleine et entière. Pas de bruit. Vers 7h00, j’émerge sans difficulté. J’apprendrai dans la matinée que le tonnerre s’est fait entendre cette nuit. Je n’ai rien entendu. Comme aucun petit-déjeuner n’est prévu, nous nous contentons d’un thé pris avec l’eau chaude des douches et des petits pains achetés la veille.

   Lorsque nous mettons le nez dehors, le temps est pluvieux et froid. Pourtant, nous ne sommes qu’à 700 mètres d’altitude. Le temps de prendre une petite photo de l’auberge de jeunesse avec sa construction typique en pierres et de son ermita, nous entamons le parcours de la journée.

   Les quatre premiers kilomètres sont franchis rapidement, pour se réchauffer. D’abord par des sentiers herbeux et de petites routes de campagnes, puis par les landes de genêts et de bruyères. Le brouillard étant épais, on ne bénéficie pas vraiment du paysage. Il faut marcher le long de la route, de Xestoselo à Peñafonte. Toujours pas de bar ouvert. Je suis frigorifié. Quel temps de chien !

   Mélanie marche souvent devant. Les trois kilomètres suivants se réalisent sur une piste pierreuse coupant le tracé de la route nationale que nous rejoignons. Il faut la traverser pour gravir un sentier raide qui nous amène sur la ligne de crête. Je double un couple de jeunes Espagnols en difficulté puis me fais doubler par un jeune Allemand aux grandes jambes.  

On ne voit pas à dix mètres, mais entend très nettement le bruit des éoliennes tournant à plein. C’est l’arrivée à l’Alto de Acebo (1030 mètres) après 300 mètres de dénivelé. Mélanie m’attend. Je l’en remercie, mais lui dis de continuer à son rythme qui n’est pas le mien, ce qu’elle fait. Elle repart avec un jeune Italien qui avait fait halte à cet endroit.

   Au carrefour routier, nous quittons les Asturies pour entrer en Galice (Gal.). À partir d’ici, le Camino Primitivo change localement de nom pour prendre celui de Camino de Oviedo. Heureusement, le bar est ouvert. Je ne l’avais pas vu.  

   J’ai failli me tromper de chemin. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à partir de la Galice, le fléchage stylisé des coquilles est inversé par rapport aux Asturies et la Cantabrie. Désormais, la direction est donnée en partant de l’intérieur du coquillage vers le bord extérieur. Pourquoi ? Pauvre de moi, j’avais oublié…

   Nos amis espagnols pourraient faire un effort d’unification : garder un fléchage unique.  Personnellement, symboliquement, je pense que le fléchage de direction vers l’intérieur de la coquille est le meilleur. Il indique que tous les chemins mènent à Santiago… Heureusement, les flèches jaunes nous rappellent le bon sens.

    Après le café bien chaud servi par un tenancier peu amène, c’est la reprise du chemin, seul.  Montée dans un hameau puis chemin herbeux suivi d’une piste forestière. Cabreira, Fonfria. Les chemins alternent avec des passages de temps à autre sur l’asphalte. Désormais, les bornes jacquaires indiquent le kilométrage restant à parcourir pour arriver à la tombe de l’Apôtre dans la cathédrale de Santiago. À Fonfria (Frigidam Fontem, eau froide), elle indique 166,956 km. Intérieurement, je souris sur la précision des 0,956 m alors que le chemin est toujours en constante modification du fait des travaux routiers et des variantes. 

Après avoir serpenté un mont touffu et traversé la route à plusieurs occasions, j’arrive au hameau de Silvela après m’être débarrassé de trois chiens particulièrement hargneux qui me suivirent sur deux cents mètres. Je rejoins Mélanie qui m’attendait à la Capilla de Santa Barbara do Camin. Nous allons donc continuer ensemble.

   À Paradanova, nous passons rapidement devant un sanctuaire minuscule, la chapelle Santa Cruz que l’on ne peut pas visiter. Nous choisissons de prendre le chemin qui mène deux kilomètres plus loin à A Fonsagrada.

C’est la cité la plus élevée de la Galice, à 950 mètres d’altitude, dans la province de Lugo. On y découvre des paysages spectaculaires avec la montagne d’Ancares comme toile de fond. Des ours y ont été réintroduits.

   Nous parcourons une piste de terre, puis une ascension courte et raide qui nous amène devant la Fonte Santa, la source sacrée qui a donné son nom à la ville. Selon la légende, à l’endroit de cette fontaine, la Vierge serait apparue à plusieurs reprises formulant ainsi son souhait de voir construire une localité au détriment d’A Pobra de Burón, jusqu’alors le centre névralgique de la zone. A contrario, une autre légende locale connue à A Pobra de Burón raconte que les ancêtres de leurs voisins auraient volé la statue locale pour la transporter en haut du mont, à la fontaine. Une troisième légende raconte que saint Jacques aurait fait jaillir du lait de cette source pour nourrir les enfants d’une pauvre veuve qui l’avait reçu avec beaucoup d’hospitalité.

   Nous faisons des courses pour le repas du soir. En allant vers O Padron, nous rencontrons des pèlerins déjà croisés vus dans la première partie du parcours en Espagne dont le fameux couple allemand yoguiste. Au fur et à mesure, arrive de notre arrivée à l’albergue, nous recroisons Anders le Basque, Gérard le Franco-suisse, Octave et Pablo, les étudiants français de Barcelone, Miguel l’Espagnol…

Le gite est si plein qu’une maison de la protection civile proche est ouverte pour recevoir les retardataires. Là aussi, il faut faire la queue : deux douches pour tout ce monde. Bref, un gite qu’il y aurait lieu de moderniser, car il s’agit plus d’une habitation. Nous cohabitons à quatre par chambre.

   Nous allons partager les agapes du soir, et je fais la connaissance de Myriam.

   Vers 23h00 bien dépassées, c’est presque le silence qui règne.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

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