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Publié par Alain Lequien

   Il est 7h00 quand mon réveil-téléphone sonne. Clemens et Adriaen sont déjà en train de préparer leurs sacs. Je ne traîne donc pas, et décide ce matin de ne pas me raser. Un jour de plus, bof, personne n’y verra rien.

   Lorsque j’arrive pour prendre mon petit déjeuner, tout le monde est attablé et ils m’ont attendu. Belle attention. Nous avons droit au café, pain frais, confiture, beurre, fromages, jus de fruits… et un œuf frais des poules élevées au gîte. Tout cela pour huit euros, avec la nuit. La concurrence est dure. 

   Clemens habitué à partir tôt est pressé de partir. Chacun ses habitudes. Quant à moi, même si j’ai 35 km à parcourir, je ne suis pas à un quart d’heure prés. C’est aussi cela, le Chemin, savoir profiter des instants. Intrigué par mon bâton, Adriaen me demanda d’en décrire les signes et les couleurs. Ce que j’ai fait avec grand plaisir. Il m’a conforté dans mon choix de faire un parcours mi- religieux, mi- compagnonnique.

   « C’est plus riche », me dit-il. Tiens, percevrait-il des choses ? Il reste encore un peu au gîte. De toute façon, comme il est à bicyclette, il ne prend pas le même chemin.

   Je quitte nos hospitaliers en promettant de leur envoyer les photos prises hier.

  Je descends vers le canal du Berry par un chemin différent de celui de mon arrivée. Personne en vue. Le conducteur d’une voiture en passant me lance un grand bonjour. Sympa dès le matin. Au bout d’une heure, après avoir traversé un hameau sans âme qui vive, j’arrive au canal que je vais suivre jusqu’à ma destination du jour, Saint-Amand-Montrond.

   Ce chemin plat est étonnant. C’est une alternance de parties bien entretenues et d’autres, au contraire, complètement délaissées. Certains chemins sont de vraies allées. Alors que je marche depuis deux bonnes heures, je rencontre enfin un homme en train de pêcher sur l’autre rive. Je m’arrête un instant pour lui demander si cela mord. « Rien », me répondit-il. C’est alors que sa canne tressaille. Il a pris un petit poisson. « Vous me portez chance », me dit-il en riant. Je lui réponds du tac au tac : « J’ai fait ma B.A. alors », me rappelant quelques relents de scoutisme. Et de rire ensemble.

   Arrivant à Vernais, cela fait trois heures que je marche. J’ai parcouru un peu plus de 13 km. J’y croise un tracteur en train de faucher l’herbe avec soin. Le conducteur me fait un petit bonjour amical. Un peu plus loin, un jeune homme assis sur une rambarde de bois me demande si le facteur va passer. À l’évidence, je ne peux lui répondre. Il va répéter sa question à trois reprises. Comme je m'éloigne, il me crie « Bon appétit ». Il doit être un peu dérangé.  

   Quelques centaines de mètres plus loin, deux motos et deux quads roulant à faible vitesse me doublent. Comme je me suis arrêté pour les laisser passer, chacun me fait un petit signe de remerciement. Moi qui déteste ce type de pollueur, je me surprends à être tolérant. Tiens, tiens !

   Après ma pause-repas, je continue à vivre la monotonie du terrain, en direction de Charenton-du-Cher situé à plus de 23 km de mon point de départ. Alors que j’arrive vers Laugère, les motos et quads réapparaissent, mais cette fois-ci sur l’autre rive du canal. En me voyant, ils me klaxonnent et me font un grand bonjour. Ils ont dû s’arrêter pour déjeuner.

   Je traverse maintenant Charenton, et que vois-je à la sortie ? Clemens qui m’attend. Je ne m’attendais pas à le revoir de sitôt. Nous parlons un peu. Il a décidé de poursuivre son cheminement par un autre itinéraire. Il doit s’arrêter chez des personnes qu’il connait. Chacun prend donc le sien.

   Ma gourde est maintenant vide alors qu’il me reste les dix derniers kilomètres à parcourir. Il va falloir que je demande de l’eau à des habitants résidant le long du canal.

   Quelques centaines de mètres plus loin, une dame sortant d’une ancienne maison d’écluse m’invite à prendre un café. Cela ne se refuse pas. Nous échangeons sur le temps, la difficulté des plantes à fleurir du fait des gelées nocturnes… Elle me remplit ma gourde. Une personne qui apprécie les pèlerins, pas les marcheurs-touristes.

   Deux kilomètres plus loin, je vois resurgir Clemens. Finalement, il abandonne son idée de suivre la route et partage une orange avec moi. Comme je sais qu’il marche plus vite que moi – en fait, je suis un peu épuisé –, je lui dis de ne pas m’attendre et que j’irais « à mon pas de sénateur ». Cette expression le fait bien rire. Il me reste 5 km à parcourir.

   En arrivant à l’entrée de Saint-Amand-Montrond, je le vois de nouveau. Il me dit qu’il se rend au presbytère. Je n’ai pas envie d’y aller. J’ai déjà plus ou moins décidé d’aller au refuge de pèlerin. Hélas pour moi, il n'y a pas moyen de les avoir au téléphone. Il me reste le foyer de jeunes travailleurs.

    Comme j’ai du mal à le trouver, je demande ma route aux policiers municipaux. Lorsque j’y arrive, il est 16h00. Le prix est très raisonnable, 15 euros pour la nuit. Lorsque je découvre la chambre, c’est presque du luxe. Quant au diner, pour 8,20 euros, c’est génial : entrée, canette avec fruits de mer et purée, fromage, dessert. Incroyable, n’est-ce pas, mais vrai ! Deux euros de plus pour mettre à jour mon blog avec le wifi. Que demande le peuple ! Dormir et profiter de ce bon lit chaud pour l’étape longue de demain.

   Entretemps, j’ai eu le gestionnaire de la maison de pèlerin. Très gentiment, il m’a donné des conseils pour effectuer la route de demain. Les hospitaliers berrichons sont de grande qualité.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

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