Etape 8 – Les urgences à Gap et le retour à Dijon – 30 juin 2014
Ayant peu dormi, je me suis levé vers 5h30 pour préparer mes affaires. Ce n’est pas seulement à cause du mal provoqué par ma cheville, mais par le film qui passe dans ma tête de ce qui aurait pu m’arriver si les arbrisseaux ne m’avaient pas retenu. Vous voyez, mes amis, sur un chemin aussi simple sur le papier que celui de Compostelle, il existe des pièges dont il faut se méfier. Tout d’abord, éviter de « rêvasser » lorsque l’on passe dans des endroits un peu difficiles. La réflexion fait partie du Chemin – c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle on l’aime, ce cheminement, - mais il faut savoir s’en dégager pour se concentrer sur les difficultés du parcours. D’autre part, quand le temps est mauvais à ce point, il ne faut pas hésiter à s’arrêter et à prendre des pauses au lieu de vouloir accélérer le pas. Surtout dans un massif montagneux. Enfin, quand j’y pense encore (de temps à autre, le film revient, un mois après les faits), je me dis que j’ai été imprudent de vouloir faire une si grande distance (36 km) par ce temps pluvieux et orageux. Je ne suis pas conseilleur en disant cela, simplement, je me dis que j’aurais pu éviter cet incident si j’avais pris quelques précautions.
Départ après le petit-déjeuner. Marc devant se rendre à son travail m’a proposé de me déposer en passant aux urgences à l’hôpital de Sisteron. Après quelques minutes d’attente, je suis pris en charge. Le médecin urgentiste n’a pas de doute sur la fracture, mais décide malgré tout de faire effectuer une radiographie. Pas de doute : péroné cassé, cheville endommagée, souffrance des ligaments internes : il faut opérer.
J’ai droit à un petit discours sur le fait que je n’aurais pas dû marcher avec ma cheville dans cet état quand je suis redescendu pour rejoindre la route. J’aurais dû appeler les secours car je n’ai certainement pas amélioré les choses… Bref, ce médecin fait bien son travail, mais on ne peut refaire ce qui a été fait.
Je décide que cette opération ne peut se faire qu’à Dijon, au milieu de ma famille. Contact avec mon assurance (important : il faut toujours prévoir cette éventualité) qui accepte de me rapatrier en ambulance. J’attendrais une petite heure, sommeillant sur un lit. Je tiens à remercier le personnel de ce service d’urgence de l’hôpital de Sisteron pour leur amabilité et leur professionnalisme.
Après 450 km de route, et un arrêt pour manger un sandwich sur le brancard dans l’ambulance, nous arrivons à Dijon vers 16h30. Il faut me monter dans mon appartement situé au 4e étage, et ce n’est pas simple avec mon petit ascenseur. Bref, j’ai, là aussi, eu la chance d’avoir des ambulanciers super sympas.
A la suite de mon contact avec mon médecin, je suis pris en charge le lendemain par un chirurgien orthopédiste qui décide de m’opérer seulement le 4 août à la clinique Drevon : je suis en traitement anticoagulant. Les petites choses de la vie.
L’opération s’est bien déroulée, et ma résine sera retirée le 12 août. Dès le lendemain, commenceront les séances de kinési. Et j’ai droit, deux fois par semaine à une prise de sang. J’ai hâte que cela se termine car cette immobilité me pèse, bien loin de mon hyperactivité habituelle. Mais, il faut prendre son mal en patience, c’est la vie. J’en profite pour écrire, mais j’avoue que je ne suis pas très productif, non sur le plan quantitatif mais sur le qualitatif. Et je dois remettre un nouveau manuscrit le 30 septembre, celui de mon seizième ouvrage. Cela va s’arranger.
Hier, 29 juillet, j’ai eu la visite surprise de Guy, mon compagnon de voyage montpelliérain rencontré l’an dernier sur le Camino Norte et avec qui j’ai été jusqu’à Santiago et Cabo Fisterra (nous avons brûlé nos vêtements ensemble). Il était de passage à Dijon pour se rendre à Vézelay d’où il part cette année vers Puenta-la-Reina par Saint-Jean-Pied-de-Port. Cela m’a fait du bien de le voir, de boire un verre ensemble et de converser sur notre cheminement de l’an dernier. Merci Guy de ce moment fort, ma première sortie avec mes béquilles.
Voici la fin du récit pour 2014.
2015 se profile à l’horizon, et je n’ai pas l’intention de rester sur un non-fait. Mon projet est de débuter mon année par un cheminement d’une dizaine de jours (et de 250 km) sur le chemin de Stevenson, entre Auvergne et Languedoc-Roussillon, pour me permettre de voir où j’en suis. Mais ceci est une autre histoire à construire.
A bientôt, mes amis.
Bourguignon la Passion.