/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_c5653f_1-passage-du-gue.jpg)
Je suis le dernier à me lever et à partir. Christina part avec le couple d’Allemands. Elle quitte le Chemin de Compostelle à Lodève en prenant le train pour rejoindre un couple d’amis dans les Pyrénées. Je saurais à Lodève qu’elle dormit chez Bruno. Marie-José et Bernard ont l’intention de faire beaucoup de chemin car, si j’ai bien compris, ils doivent rejoindre Castres. Bref, je me retrouve tout seul et en profite un peu. Lorsque j’arrive pour remettre les clés du gite au bistrotier, celui-ci arrive avec des petits yeux. La soirée karaoké pour la fête de la musique a dû être chaude.
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_b9af2f_2-toujours-des-chemins-etonnants.jpg)
C’est donc la fleur au fusil que j’entame cette petite étape de 16 kilomètres avec mon célèbre pas de sénateur. Montées, descentes, c’est encore un peu vallonné, mais cela est moins raide que précédemment. Comme ici, ce passage du gué au milieu de petites bêtes qui veulent sucer mon sang. Si je vous dis qu’il n’est pas terrible… Mince, alors !
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_8fa856_3-coquille-et-bourdon.jpg)
A l’arrivée à Usclas-du-Bosc, l’ancien propriétaire du château m’en raconte l’histoire ancienne et actuelle. Que de péripéties… Sur le haut de la porte du château, on peut apercevoir une coquille Saint-Jacques et la gourde, emblèmes des pèlerins d’autrefois. A l’évidence, ce lieu fut certainement une ancienne hospitalité qui devait soigner et remettre en forme les jacquets de l’ancien temps.
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_cfd0fb_4-collection-croix-basques.jpg)
Autre spécificité de ce tout petit village, la trouvaille dans le cimetière de 54 croix basques. On peut se demander la raison d’une telle présence, la plus importante collection réunie sur un site en Europe. Les originaux sont au musée de Lodève, dans le cimetière, on peut en voir 24 copies très parlantes.
Après le village, il faut grimper de fortes côtes dont les dernières sont bétonnées. D’ailleurs, quatre vététistes me doublent. E haut, comme ils sont fatigués par leurs efforts, c’est à mon tour de passer devant. Cela ne dura pas longtemps. Quelques minutes plus tard, ils reprennent le leadership.
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_7143cd_5-gramond-salle-accueil-pelerins.jpg)
J’arrive au point d’orgue de la journée, la visite du prieuré de l’abbaye Saint-Michel-de-Grandmont fondé au XIe siècle. Les moines y vivaient en autarcie comme le prouve le vivier de poissons encore visible. Cela ne les empêchait pas d’apporter aide et assistance aux jacquets (pèlerins vers Compostelle) et romiers (pèlerins vers Rome) de passage. Une véritable restauration par des familles pieuses qui l’ont sauvé de la ruine et de la destruction pendant la période révolutionnaire.
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_3955f2_9-dessin-de-l-infini.jpg)
Je repars les yeux remplis de la beauté sobre de son lieu. Un lieu où ne régnait qu’humilité et fraternité envers leur prochain. Sur le plateau parsemé de nombreuses plaques karstiques, j’ai pu voir cette figure créée par un artiste en herbe à partir des cailloux ramassés de-ci, de-là. Un signe que renierait pas nos ancêtres.
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_a0f11e_10-cloitre-lodeve.jpg)
Tout doucement, j’arrive à Lodève dont les premières traces datent de 6 000 ans. Les Romains y construisirent routes et ponts et exploitèrent des mines. C’est sous Henri IV que fut lancée la production de drap qui allait faire la fortune de la cité. Elle dura jusqu’en 1960. L’évêque le plus célèbre fut saint Fulcran qui entreprit de construire la cathédrale, rebâtie au XIVe siècle. On peut admirer encore son ancien cloitre.
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_8cb1bd_11-lodeve-monument-aux-morts.jpg)
En ville, un autre monument attire mon attention, cette très belle réalisation du monument aux morts qui fait ressortir avec force ce qu’est le départ d’un être cher pour ceux qui restent, qui l’ont aimé et qui pleurent son absence. Mais, le tombeau des morts réside dans le cœur des vivants.
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_7c2b0c_12-lodeve-maison-accueillante.jpg)
Le gite jacquaire étant fermé, Françoise de l’office de tourisme me proposa de m’envoyer chez une personne qui, avec d’autres habitants motivés, ont entrepris de faire face à la pénurie de gite pour pèlerins. C’est ainsi que je suis arrivé dans cette très belle demeure construite pour la famille d’un drapier célèbre de la cité, propriété située en dehors de la ville.
J’y fus accueilli par Chantal, alerte dame de 85 ans, qui défend l’essence de l’esprit jacquaire. Le gite occupe la partie basse de la propriété. Et que dire ? C’est d’une très grande qualité que beaucoup de gites privés à coût parfois prohibitif pourraient prendre pour exemple. Sans oublier la qualité de l’accueil et la gentillesse de mon hôtesse.
/image%2F1567396%2F20150629%2Fob_eba1f9_13-lodeve-gite-accueillant.jpg)
Au cours de la journée, j’ai eu droit au coup de téléphone de ma tendre Pauline (45 ans d’union) et de mes trois fils Cédric, Yannick et Frédéric à la fois pour mon anniversaire et la fête des pères. Cela fait du bien d’avoir ainsi derrière soi, même si je suis absent physiquement, l’honneur et l’avantage d’avoir prés de soi des êtres qui vous aiment et que vous aimez. Ce sera la plus grande réussite de ma vie. « L’amour, c’est la bienveillance inlassablement maintenue » disait Christian Bobin.
Alors que je sommeillais, voilà qu’arrivent deux autres jacquets, Stéphane de Nancy et Julie de Marseille. Le gite est plein. Ayant peu à manger, Julie nous concocta un plat à base de semoule avec moult légumes achetés à Lodève chez un marchand magrébin. J’avais oublié que l’on était dimanche.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.