Daniel, notre Bruxellois, décide de faire l’impasse sur cette journée qui apparait difficile à tous. Et, elle le sera. Pourtant, tout commença par un petit-déjeuner copieux, trop peut-être, pris avec le marcheur rencontré la veille. De nouveau, de la politique… Décidément, on n’est pas sur le chemin spirituel recherché. De plus, personnellement, je suis patraque, des ennuis gastriques sans gravité. Peut-être ai-je bu trop d’eau…
Tout démarre rapidement pour les deux marcheurs que nous sommes. Dès les premiers kilomètres, les chemins pierreux font leur réapparition comme si hier ils avaient été absents. Les passages sont parfois même dangereux et je ne suis pas à l’aise, c’est le moins que l’on puisse dire. On est parfois à flanc de coteau. Ma chute de l’an dernier refait son apparition à mon esprit, et je reconnais une certaine trouille. En fait, je m’aperçois que je suis devenu sensible au vide et cela me serre les tripes. Il me faut accepter cette nouvelle situation à moins d’entreprendre une petite thérapie.
Lors d’une montée un peu raide avant Concules, ce qui devait arriver arriva : j’ai restitué entièrement mon petit-déjeuner certainement par réaction, avec des brûlures d’estomac. Je l’avouais à mon compagnon de route et nous décidons de nous arrêter dans un café pour prendre un remontant. Le thé bien chaud me remit en forme. Au bout d’une demi-heure, nous reprenons la route. Désolé de ces détails, mais cela fait aussi partie du Chemin.
A l’entrée de Genolhac, nous découvrons les ruines d’une ancienne usine avec une façade de fer et de vitres et des portes en ogive qui font penser à des églises. Nouvelle montée pour accéder quelques kilomètres plus loin à Chamborigaud où nous prenons un déjeuner copieux réconfortant. Je vais nettement mieux côté gastrique, mais je suis las. La sortie du village manque de fléchage, et nous sommes obligés de faire un aller-et-retour pour retrouver la route. Le baliseur n’a pas bien fait son travail.
C’est maintenant la montée vers le col de Portes que certains randonneurs n’hésitent pas de classer comme difficile. Ne voulant pas handicaper Daniel (le Corrézien) dans sa marche rapide, je lui ai demandé de marcher à son rythme et de ne pas m’attendre. Je le rejoindrai en haut du col. Je marche donc désormais seul. En arrivant au Paulin, j’ai l’espoir que la montée est terminée, mais rien de cela, il faut continuer encore quelques kilomètres. En plein bois, après de nombreux détours, je découvre cette pancarte qui indique que je suis à mi-chemin du trajet de la Regordane. Il ne me reste qu’à en faire la seconde partie.
Au col, je bois un bon coca bien frais à l’unique bar du coin. Le tenancier m’indique avoir vu mon compagnon de route qui lui a acheté une bouteille de vin il y a environ une demi-heure. Tiens ! Cela doit être pour le repas de ce soir qu’a dû nous concocter Daniel, l’autre, le Bruxellois.
Je m’approche peu à peu du château de Portes. Surnommé le Vaisseau des Cévennes en raison de sa proue en pierre spectaculaire et unique en Europe, il est classé Monument Historique. Mais, je n’ai pas le temps de le visiter. Une autre fois peut-être.
C’est alors que va se dérouler un incident que je reproche à la fédération de randonnée pédestre, un fléchage inconséquent des chemins de grande randonnée qui va m’amener à prendre le GR 44 au lieu de celui de la Regordane. Résultat : une heure et demie de marche sur un chemin balisé qui n’était pas le bon. Heureusement pour moi, j’ai rencontré deux jeunes Anglais en vacances qui m’ont amené chez leur hôtesse.
Celle-ci, comprenant mon désarroi, m’amena au gite en 4x4 après une descente épique sur des chemins défoncés et rocailleux pris à grande vitesse, le véhicule tressautant. Les jeunes Anglais et leur hôtesse vécurent cet épisode comme une aventure en rigolant à plein poumons. La photo prise montra à quel point nous étions heureux de la bonne fin de cette « aventure ».
Le diner pris avec les deux Daniel's qui m’ont avoué avoir été inquiets permit à tout le monde de se réconforter. Demain est un autre jour car aujourd’hui, j’en ai plein les pattes.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.