20 – Chizé, La Villedieu, Aulnay de Saintonge : 25 km (556 km)

   Je me réveille vers 6 h du matin, ayant froid. La nuit est noire, et comme je n’ai pas pris de lampe, je ne pourrais pas retrouver mon chemin. Je suis donc condamné, c’est un bien grand mot, à rester allongé en lisant un passage du livre que j’ai emporté, Transformer les miroirs en fenêtres, de Paul Salmon. Cet auteur, créateur de la marque de vêtements pour enfants Catimini, fut mon voisin de table lors du Salon du livre au domaine de Roiffé, près de l’abbaye royale de Fontevraud (Maine-et-Loire). Un entrepreneur passionné et passionnant.

   Il est 7 h, je prends une douche bien chaude pour me réchauffer, car il fait frisquet dans le gîte. Je n’ai pas réussi à allumer le radiateur de la chambrée. Je prends mon petit déjeuner dans l’office en faisant chauffer de l’eau chaude pour mon thé. Je traîne un peu, la clarté du matin n’est pas suffisante. 7 h 30, je boucle mon sac, ça y est, le jour se lève enfin. Il fait encore sombre, mais avec la lampe du smartphone, ça devrait le faire.

   Avant de partir, je consulte le guide. Super, la marque du balisage est toute proche. En route par un chemin gravillonné, je rejoins la forêt. Le chemin de terre longe en partie le parc animalier, m’amenant à l’entrée du Zoodyssée. Celui-ci abrite plus de 90 espèces. Bien entendu, le passant que je suis n’a pas l’intention d’y faire halte. Je continue sur les sentiers forestiers. C’est très agréable. Je traverse le village de Chizé qui a donné son nom à la forêt.        

   Au 11^e kilomètre, mon attention est attirée par l’église millénaire d’Availles-sur-Chizé. Portant le vocable de Saints-Eutrope-et-Martin, elle date du XIe siècle, rassemblant divers styles : roman, gothique et contemporain. Cette disparité, son architecture, sa charpente apparente, ses grandes dalles de pierres lui donnent un charme particulier.

Alors que j’étais assis sur un banc, un gros chien noir sympathique est venu me rejoindre. Il posa sa tête sur mes genoux en me regardant de ses grands yeux. Je lui ai caressé la tête, il sembla l’apprécier. À ma sortie, il m’accompagna sur une centaine de mètres avant de retourner au village.

    Au 17^e kilomètre, à la lisière de Bois-Bréchou, je quitte les Deux-Sèvres pour les Charente-Maritime. Quelques mètres plus loin, je rejoins la voie de Tours (GR 655). Désormais, les deux voies cohabitent, celle des Plantagenêts finissant officiellement à Aulnay de Saintonge. Le balisage change avec la présence de bornes de pierre imposantes portant la coquille et le fléchage.  

   J’arrive à La Villedieu dont la route centrale est en pleins travaux. La Villedieu, un nom qui présage qu’il y eut ici un prieuré ou à une possession templière ou hospitalière. De fait, à Ensigné à moins de dix kilomètres, se trouvait une commanderie. Il y a de fortes probabilités que vers le XIIe ou XIIIe siècle se trouvait un gîte pour les pèlerins se rendant à Compostelle.  

   Un petit détour par le chemin de Compostelle qui m’amène à une longue piste blanche jusqu’à Salles-lès-Aulnay. Je suis tout proche de mon arrivée. Je rejoins rapidement la halte jacquaire tenue par une hospitalière demeurant en face. L’accueil est mitigé, mais bon, elle me donne les infos dont j’ai besoin. Je présente ma crédenciale, remplis le document et verse mon écot pour la nuitée, 10 €. 5 minutes chrono. Ce n’est pas un bon jour.

   L’endroit géré par la commune est un peu vieillot, mais tout y est présent y compris une machine à laver le linge. Le petit escalier en bois permettant d’accéder aux lits est raide, à la limite du danger. J’ai largement vu pire.  

   Comme il n’est pas tard, je me dirige vers l’église Saint-Pierre qui est incontournable. Je vous en parle dans l’article suivant.   

   De retour, je fais des courses au supermarché avant de rentrer pour prendre ma douche et cuisiner. Ce soir, steak, pâtes et riz au lait, avec une bonne bière. Je continue à lire le livre que j’ai emporté, regarde les brochures qui se trouvent là avant d’aller me coucher à 21 h. Ce soir, je n’aurais pas froid, il y a des couvertures.