Etape 22b – Arles – Prieuré du Bouchot : 7 km (506 km)
Il est 15h00 et je n’ai pas très envie de me retrouver avec la multitude à l’Auberge de jeunesse d’Arles. Je dois reprendre mon cheminement et retrouver le sens que je voulais lui donner, une recherche plus intériorisée. Et quel lieu peut y répondre ? Ce prieuré peu connu situé à quelques kilomètres de là, celui de Notre-Dame des Champs.
En téléphonant au Frère hôtelier, celui-ci me donne toutes les indications pour y parvenir car il est situé en dehors du Chemin. Me voilà parti sous la canicule. Cela me laisse le temps de réfléchir à ce départ d’Arles, un lieu sans messe de pèlerin qui démarre à un endroit où l’on glorifie les morts. Faut-il y voir un symbolisme lié à la mort du vieil que recherche le cheminant ?
Après deux heures de marche, je découvre ce lieu attenant un domaine viticole qui fut offert aux moines par une femme décédée sans descendance. Le lieu est magnifique comme le font voir les photos. Ma petite chambre très simple donne sur le jardin et en me reposant, j’entends les oiseaux gazouiller.
J’apprends que ces bénédictins, s’ils respectent la Règle, sont soumis à des allégements dus au fait qu’ils sont tous de santé fragile. C’est ainsi que les offices sont limités en nombre et en durée. Il en est de même de la règle du silence qui est libéré en cours de repas.
Nombreux sont ceux qui posent des questions sur le Chemin de Compostelle qu’ils ne pourront parcourir. On sent aussi des difficultés flagrantes dans les rapports sociaux. Il est vrai que le moine n’a pas le choix, il doit vivre avec d’autres moines qu’il n’a pas vraiment choisis.
Le repas et le petit déjeuner est d’une grande simplicité. Ce n’est pas une étape gastronomique. Mais tout est frais, et j’ai entendu le remerciement d’un moine à l’un de ses congénères pour la qualité de ses haricots.
Tout semble prendre ici une autre dimension, celle d’une collectivité où tout prend de l’importance. Est-ce lié à leur qualité de moines souffrant dans leurs corps ou leurs esprits ? Je ne peux y répondre.
Si la vie est simple, chacun vaquant à ses occupations, il en est différemment des offices où tout est réglé comme du papier à musique.
Quasiment tout est chanté sous la direction du prieur. Car ici, on n’est pas dans un monastère, mais dans un prieuré. Ce qui m’a impressionné, ce sont les trente minutes de silence complet autour du corps du Christ sorti du tabernacle. J’avoue avoir souffert de cette pratique, moi qui suis toujours en train de bouger.
Je retire de mon passage en ce lieu de nombreux enseignements qui m’aideront à comprendre le monde, tant d’hier qu’aujourd’hui. Et notamment comment ces témoins de la religion catholique ont l’espoir que leurs appels puissent le monde à mieux se comprendre. Son--ils utopistes ? A chacun de répondre en fonction de son intime.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.