Hospitalier au Puy-en-Velay du 21 au 31 mai 2015 – le passage du témoin...
Au Puy, chaque hospitalier effectue une vacation bénévole de 10 jours - 11 jours pour nous puisque la dernière décade de mai (mois à 31 jours) fait effectivement 11 jours. Nous avons pris la suite des quatre hospitaliers précédents notamment André qui m’a communiqué ses photos.
On peut y voir l’ambiance qui y règne. Un véritable ensemble au service du pèlerin, du passant ou du cheminant. Chacun, et c’est important, apporte ce qu’il est, ce qu’il pense, ce qu’il veut partager pour remplir les tâches qui sont les nôtres. Il faut conserver un visage et un comportement serein face à ceux qui viennent chercher conseils, avis, réconfort… N’étant pas dans un relais où l’argent, le profit prédomine, cela donne une autre teinture à notre mission.
Le moment fort est le partage, nous l’avons vu, de cette soupe de pèlerin. Mais aussi de ce chant certainement le plus connu des pèlerins avec les paroles et musique de Jean-Claude Benazet. « Ultreïa E suseia » se traduit par « aller plus loin, plus haut ». C'est l'expression d'un dépassement physique et spirituel. Ultreïa représente l’horizontalité du chemin qui se dirige vers Compostelle, en quelque sorte sa partie matérielle. E suseia représente la verticalité du chemin, en quelque sorte sa spiritualité. Le croisement de ces deux voies forme une croix, un symbole très ancien qui n’est pas que christique. A ce croisement (qui peut être diffèrent selon chacun), on retrouve le pèlerin ou le cheminant. Il est représenté sous la forme d’une rose rouge symbolisant l’Amour pour son prochain.
Ce chant est aussi une marque de reconnaissance des pèlerins entre eux. En voici le texte (l’auteur spécifie bien qu’il n’y a que trois couplets).
- Tous les matins nous prenons le chemin,
- Tous les matins nous allons plus loin.
- Jour après jour, St Jacques nous appelle,
- C’est la voix de Compostelle.
- Ultreïa ! Ultreïa ! E sus eia Deus adjuva nos !
- Chemin de terre et chemin de Foi,
- Voie millénaire de l’Europe,
- La voie lactée de Charlemagne,
- C’est le chemin de tous les jacquets.
- Ultreïa ! Ultreïa ! E sus eia Deus adjuva nos !
- Et tout là-bas au bout du continent,
- Messire Jacques nous attend,
- Depuis toujours son sourire fixe,
- Le soleil qui meurt au Finistère.
- Ultreïa ! Ultreïa ! E sus eia Deus adjuva nos !
Au-delà de la chanson, il y a la bénédiction des pèlerins. Un moment fort et inoubliable pour celui qui part pour une durée plus ou moins longue sur le Chemin. Croyants ou non, catholiques, protestants, musulmans, bouddhistes… tous sont heureux de participer à cette cérémonie symbolique. Parfois, comme sur cette photo, c’était l’évêque lui-même qui officiait.
Puis, c’est la descente vers le monde profane par ce grand escalier impressionnant où l’on découvre la ville du Puy. Car s’il est bien de s’être rechargé spirituellement, il est bon de retourner dans le monde pour se confronter aux réalités. Elles apparaîtront différentes et se modifieront tout le long du cheminement. Les hospitaliers auront apporté leur petite pierre à cette évolution.
Pour l’hospitalier que j’étais, et que je reste de cœur, le moment est venu de passer le relais à une autre équipe. C’est la fin d’une étape, non du chemin. Je vais reprendre celui-ci vers Arles par la Regordane. De nouvelles découvertes en perspectives.
A suivre dans la 14e étape. Bourguignon la Passion.