Etape 58 – Zumaia - Deba – Ibiri (Mitriku) : 19 km (1427 km)
Ayant pris la demi-pension, je repars frais et dispo pour cette nouvelle étape qui ne fait que dix-neuf kilomètres. Un peu courte cette distance penserez-vous peut-être ? En fait, je n’avais pas le choix car l’albergue suivante m’aurait entrainé à parcourir trente-huit kilomètres avec des passages très vallonnés. C’était trop pour moi, dans l’état actuel des choses. Il faut savoir se maitriser. "chi va piano, va sano e va lontano" dit le proverbe.
Donc la raison me pousse à dépasser Deba où j’avais séjourné en 2013 pour aller un peu plus loin, dans la montagne. Enfin, la montagne, tout est relatif bien sur…
La première cité traversée est Zumaia, ville importante de près de 10 000 habitants. On y trouve un musée célèbre fermé lors de mon passage, le musée Zuloaga avec notamment des peintures de Goya et du Greco, des œuvres de Rodin… Sans oublier l’ermitage de San Telmo. Vite passé malheureusement pour un cheminant mais pas pour le touriste. C’est souvent ainsi qu’il faut parfois savoir revenir… différemment. Se trouvant au niveau de la mer, il faut savoir y descendre et remonter de l’autre côté, à deux cents mètres d’altitude.
La route ou les chemins, même si le temps est encore moyen, sont sympathiques à faire même si déjà, je trouve beaucoup moins de monde qu’au départ de San Sebastian. Nous en avons parlé je crois… Le cheminement passe à quelques centaines de mètres de la côte puis change de direction pour rentrer dans les terres. La montée d’Itziar est très raide sous le regard débonnaire d’une voiture de la Guardia Civil bien présente. C’est rassurant.
L’arrivée à Deba est plus risquée, notamment cette grande descente vers la ville par un chemin de pierres particulièrement glissantes. Malgré mes précautions pour descendre doucement, je me suis cassé la figure heureusement sans bobo sinon un mal aux fesses. Une chute de plus les amis.
Cette cité balnéaire de cinq mille habitants se distingue notamment par le fait que l’accès aux coteaux s’effectue au moyen d’ascenseur ultramoderne. La ville est grouillante, et encore une fois, la pluie va venir ternir cette journée.
Là, je découvre à l’office de tourisme que désormais ce n’est plus dans une ancienne école, mais dans l’ancienne gare que se trouve désormais le gite municipal. Mais, je n’aurais fait que quinze kilomètres, donc je continue au seul gite accessible, celui de Barrio de Ibiri, l’albergue Ilzarbide. La préposée de l’office prend une réservation pour moi.
En passant à l’ermitage del Calvario, je fais connaissance de Claudio, un italo-français comme il me le dit, un créateur de jeux sur smartphone. Il en vit grâce notamment aux cinquante mille joueurs inscrits qui paient quelques centimes pour chaque partie effectuée. C’est l’occasion pour moi de découvrir ce milieu complétement inconnu. En chemin, grâce aux outils informatiques, il apporte constamment de nouvelles améliorations ou corrige des bugs pour le plaisir de ses « clients ». Très étonnant de découvrir ainsi sur le chemin un homme au travail qui s’arrête par moments quand il a une idée…
Le soir, ayant pris la demi-pension, je partage la cena avec une quinzaine d’autres marcheurs. Je dis marcheurs car la plupart sont dans un trip qui n’a rien de spirituel. C’est ma déception du chemin, l’esprit est plutôt vacances et compétition. Je l’avais entrevu sur le chemin d’Arles, il se confirme ici. Dommage…
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.