Il est tôt lorsque nous quittons l’albergue de Boente. Il n’est pas ouvert pour le petit-déjeuner. Le temps est pluvieux et frais. J’avais oublié de vous faire voir la fontaine des pèlerins de Boente, une merveille architecturale. Je vous la présente donc car nombreux sont ceux qui profitent de son eau fraiche avant de reprendre le cours du cheminement.
Direction Castaneda que nous atteignons rapidement. Il n’est plus très important, mais au Moyen Âge, la localité était très connue pour ses fours à chaux travaillant sans relâche pour la construction de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle située à une quarantaine de kilomètres.
D’ailleurs, Aymery Picaud dans son ouvrage suggérait au pèlerin de prendre une pierre dans la carrière pour l’amener sur le chantier de Compostelle. Etonnant… Tout geste est symbolique, et celui-là est particulièrement fort en apportant son « obole » à cette construction. De nos jours, on peut encore admirer des pazos, des manoirs galiciens.
Le Chemin monte et descend à travers, arbres et prairies où paissent des bovins. En contrebas coule une rivière que l’on franchit par un pont construit il y a des centaines d’années. A Ribadiso da Baixo, nous pouvons voir des pèlerins faisant trempette.
Après une montée de trois kilomètres, nous arrivons à Arzua ((nommé Villanova dans le guide du pèlerin), une ville moderne, véritable cité-dortoir tant il y a d’alberges s’étalant tout le long de la ville.
Nous ne trainons pas et faisons une halte à une petite fontaine à la sortie de la ville. En 2012, un vieux monsieur m’avait parlé de cette eau miraculeuse…
Direction As Calzadas par une piste poussiéreuse qui serpente en sous-bois avec quelques dénivelés un peu raides parfois.
Puis ensuite, c’est vers Boavista que l’on se dirige.
En route, nous croisons un troupeau de vaches, ce qui n'est pas rare.
A Boavista, j’avais dormi chez un habitant qui proposait d'abriter des pèlerins en donativo dans sa maison. Je n’en garde pas un bon souvenir car la maison se trouvait au bord d’une bruyante. Par contre, en 2012 comme en 2013, j’avais mangé à la Casa Verde toute proche. C’est un lieu à la décoration originale puisque le plafond et les murs sont recouverts de commentaires et de signatures de pèlerins. J’avais moi-même apposé la mienne. Sans oublier une ambiance musicale des années 60/70.
Je redécouvre le lieu inchangé en ce qui concerne la peinture, mais désormais des tee-shirts dédicacés par des pèlerins pendent du plafond. En me voyant, sous les yeux ébahis de Jean-Charles et d'autres pèlerins étonnés d’une telle familiarité, la tenancière e prend dans ses bras en me faisant un gros bisou. Elle m’avait reconnu et me demanda où était passée ma barbe ?
Je ne savais pas que je l’avais marqué à ce point ce qui provoqua la risée et les sous-entendus de mes compagnons quand ils l’apprendront. Elle nous offrit un alcool fort en souvenir du bon vieux temps. Le peu de temps resté en terrasse, nous avons vu passer l’armée de fourmis que représentent tous les pèlerins.
Nous reprenons le chemin, nous sommes encore loin de notre but. Après la montée vers l’alto (col) Sante Irene, nous nous dirigeons vers Cerceda et Rua, puis O Pedrouzo. C’est généralement le dernier arrêt avant d’atteindre Santiago.
En chemin, nous avons retrouvé Joao et Damien, accompagnés d’un groupe de jeunes qui se sont joints à eux. Ils sont en train de manger, ce qui nous faisons aussi. Parmi les jeunes, je reconnais un Bordelais qui me rappelle quelqu’un que j’ai connu dans cette région. En discutant avec lui, il me dit que c’est peut-être son père tant il lui ressemble. Chacun va repartir de son côté.
A Pedrouzo, nous trouvons rapidement une place au refuge tout neuf dénommé Rem. C’est propre et confortable. Le soir, nous mangeons dans un restaurant galicien délicieux.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.