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Etape 88a (2015) – Cernache - Palheira – Coimbra : 19 km (2 212 km)

Je suis réveillé par des va-et-vient dans mon accueil. J’apprendrais par la dame qui m’a servi le petit-déjeuner copieux qu’il s’agissait d’ouvriers y logeant. « Il n’y a pas assez de pèlerins » me dit-elle dans un français hésitant.

Il est temps de prendre la route pour parcourir les 19 km me séparant de Coimbra. Je suis en pleine forme et n’ai plus de douleurs aux genoux après le premier kilomètre parcouru assez lentement d’ailleurs. Je presse maintenant le pas, et après plusieurs côtes et villages (Orelhudo, Ribeira de Casconha), j’atteins la petite cité de Cernache après être passé sur une voie rapide. Cela sent de plus en plus la civilisation.

Coimbra-la-ville-haute universitaire.
Coimbra-la-ville-haute universitaire.

Nouvelle montée un peu raide, suivie d’une descente et d’une remontée, et j’arrive à Palheira. Je m’y perds un peu car le marquage est contradictoire. Il semble y avoir beaucoup de chantiers dans le coin, ce qui ne facilite pas le parcours du pauvre pèlerin.

Avant d’entamer la descente pentue vers Coimbra dite aussi Coïmbre et surnommée l’Athènes lusitanienne, la vue sur la ville et le Rio Mondego est superbe. Hélas pour moi, je constate une lumière rouge sur mon appareil photographique numérique, qui disparait bientôt. Pas de doute, la batterie est vide, j’ai tout simplement oublié de le recharger au fil du temps. Les aléas du Chemin…

Coimbra - Alberge-santa-isabel
Coimbra - Alberge-santa-isabel

Avant d’aller visiter la ville (mon prochain article), je suis monté par une rue raide et pavée au nouvel albergue ouvert en 2014 au couvent de Santa Clara a Nova (Sainte-Claire la Neuve), populairement appelé mosterio Rainha Santa Isabel (monastère de la reine Isabelle). Il fut érigé au XVIIe siècle afin de remplacer le monastère médiéval de Santa Clara a Velha, victime des inondations à répétition du fleuve Mondego.

Coimbra - Albergue
Coimbra - Albergue

C’est un lieu prestigieux et réputé où l’on peut notamment voir le catafalque de la Reine Isabelle d’Aragon, patronne de Coimbra. Cette reine menait une vie humble et mortifiée. Son mari n'approuvait pas les actes de charité de son épouse. La légende dit que le pain que la reine s'apprêtait à distribuer se transforma en roses lorsque son mari la réprimanda. Elle aurait à plusieurs reprises effectué le pèlerinage vers Santiago de Compostela. Cette représentation de la reine fut exécutée en 1330 dans un unique bloc de calcaire par Maître Pêro.

Nous nous situons sur une colline située de l’autre côté du fleuve donnant face à la colline de l’Université.

Coimbra - le statuaire d'Isabelle d'Aragon.

Coimbra - le statuaire d'Isabelle d'Aragon.

Coimbra - la chambrée.
Coimbra - la chambrée.

L’accueil pèlerin se trouve très proche du musée, une chaine les sépare. Me présentant malgré que cela ne soit pas encore l’heure de l’ouverture, une personne du musée me prend en charge et m’installe dans le gite. Je trouve cela très sympathique, je n’ai pas à attendre les 14h00 fatidiques affichés.

Après ma douche et un peu de repos, je pars en ville en passant devant le parc d’attraction, Portugal dos Pequenitos, le Portugal des Petits, créé en 1940. Il a été conçu pour faire voyager grands et petits afin de découvrir les monuments nationaux en miniature et le passé glorieux du pays.

Après la visite de la ville (environ trois heures), je suis de retour à l’albergue et découvre la présence de plusieurs pèlerines et pèlerins. Un couple d’Anglais, une Américaine, un jeune Portugais d’une vingtaine d’années. Ce dernier a pris possession d’un lit dans la même chambrée que moi. Parlant correctement le français, nous nous croisons en fait puisqu’il a choisi de se rendre à Fatima en partant de Porto. Nous allons avoir de longues conversations intéressantes notamment sur la religion, la musique, le pèlerinage de Fatima… Vers 19h00, il devait se rendre en ville pour voir des amis. Il m’a proposé de l’accompagner, ce que j’ai accepté.

Pour vous faire découvrir, cette vidéo tournée à Coimbra mise en ligne le 16 juin 2010 par Anastarou.

Nous sommes allés dans un bar écouter de la musique, le fado que j’ai découvert à cette occasion. Je devrais dire redécouvert car si j’avais déjà entendu cette musique, Joao me l’a expliquée. Cette tradition locale est basée sur un chant mélancolique accompagné ici par une sorte de guitare locale. A Coimbra, c’est toujours un homme. Le mot fado est dérivé du latin fatum signifiant destin (cela je l’ai appris après). Le thème principal du fadiste, le chanteur de fado, est de chanter l’amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté à vivre, le chagrin, l’exil… Voici ci-dessus une vidéo tournée en 2010 à Coimbra. Merci Anastarou.

Joao m’explique aussi que c’est une manière utilisée pour les étudiants de l’Université pour se moquer de leurs professeurs un peu trop sûr de leurs savoirs. J’avoue n’être pas resté insensible à l’émotion que cela a provoqué en moi car cela m’a rappelé des souvenirs. J’ai appris avec étonnement que depuis 2011, cette musique, le fado était inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité. Une belle découverte. Merci Joao.

Cette rencontre pleine d’humanité et d’échanges, d’enrichissement mutuel restera un moment fort de mon séjour au Portugal.

A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.

Tag(s) : #De Genève 2015
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