Il est à peine six heures lorsque je descends prendre mon desayuno. Café, toats avec ici de la tomate écrasée en guise de confiture. C'est en fait très bon. À découvrir. Une éventuelle longue étape de trente-quatre kilomètres m'attends si je suis en forme. En effet, un arrêt est possible dans un hôtel à Minaya à seize kilomètres, a moins que j'aille jusquau bout, San Clémente. Je déciderai en route.
On est au pays de Don Quijote (Don Quichotte ).
Alors que je prenais de l'argent au distributeur bancaire, voilà que je vois passer mon premier marcheur depuis Valence. Soit, plus de deux cinquante kilomètres. C'est un grand gaillard élancé portant un sac moins gros que le mien. Et, il a l'air décidé marchant plus vite que moi. Je vais le suivre du regard au loin dans cette grande plaine céréaliere de la Mancha comme l'indique le nom de la Ruta que nous suivons, intégrée au Camino Levante.
Il faut dire que le chemin est tout droit, restant aux alentours de sept cents metres d'altitude. Toutefois, à la différence du chemin de la Plata, il y a de temps à autre des virages, des petites montées ou descentes, des tas de pierres ramassées dans les champs de culture au fur et à mesure des cultures.
Encore des paysages différents. Quelle richesse ce Camino.
Minaya arrive et il est dix heures trente. Je suis en forme et je vais donc continuer même si je dois parcourir encore dix-huit kilomètres. Le soleil n'est pas encore trop puissant. Je passe dans un premier temps devant le parador. Etonnant ! M'arretant au bar pour mon coca, alors que je demandais au barman de me compléter ma gourde avec de l'eau fraîche du robinet, il me donne tout simplement une bouteille d'eau fraîche d'un litre et demi qu'il vend habituellement. Ce n'est donc pas le prix qui importe ici, c'est le geste généreux et symbolique envers quelqu'un qu'il ne reverra jamais. Bien que...
Minaya : parador et église dédicacée par le pape Jean-Paul II.
Je passe devant l'église dédiée à Saint Jacques le Majeur donc bien dans l'esprit de Compostelle. Je decouvre qu'elle fut dédicacée par le pape Jean-Paul II lui-même en 2005. Drôle de surprise dans un si petit village de mille sept cents âmes. Il est vrai que j'avais vu le même pape à Taize en Bourgogne, lorsqu'il était venu s'entretenir avec le Frère Roger. Ces deux grands hommes ont agi pour faire bouger le monde chrétien mais aussi l'universalité et la compréhension mutuelle entre les peuples.
Direction maintenant de Casas de los Pinos situé à presque neuf kilomètres de là. Il fait de plus chaud, et me demande si j'ai fait le bon choix. Mais, pas question de revenir en arrière. Quand c'est parti, il faut y aller. J'y arrive vers treize heures et je prie le Grand Chef qu'il y ait un bar. Message reçu, oui et je bois deux coca. Il fait déjà trente-deux degrés.
San Clemente : une architecture à couper le souffle.
Je sens que les derniers kilomètres seront durs. Je vais mettre quasiment trois heures à les parcourir. Une folie qu'il ne faut pas que je recommence. Car, il est clair qu'à l'arrivée, cela risque d'handicaper la suite du cheminement. Alors que je me demandais à quel hôtel j'allais dormir, le guide en ma possession indiquant qu'il n'y avait pas d'albergue, un couple s'approche de moi. Depuis 2013, il y a un albergue et ils ont la clé. Il faudra simplement que j'aille régulariser ma venue au bureau du tourisme qui est fermé à cette heure-ci. Aprés midi espagnol oblige. Quelle chance ! Après la douche et le repos, c'est ce que j'ai fais bien sur. Et l'accueil est gratuit, qu'on se le dise...
Que dire de San Clemente, une cité médiévale de sept mille âmes ? Au moyen âge, il y avait trois hôpitaux de pèlerins. C'est dire son importance sur ce Chemin du Levant. Le saint du lieu, même si l'église principale est dédiée à l'apôtre Jacques, est Saint Clément de la Virgen del Rus. Et puis, regardez les photos, c'est tout simplement beau. A vous de voir et d'estimer.
San Clemente : la suite...
Ce soir, c'est Italie-Espagne et vous connaissez le résultat. Pendant le match, il y eut beaucoup de commentaires. A la fin, je m'attendais à une réaction face à la défaite. Et bien, rien ne se passa comme si cela était une évidence, comme si les gens étaient blasés. Je m'en suis allé manger un menu del dia servi par un Marocain parlant très bien le français. Il est vrai que je n'ai pas mangé ce midi. C'était excellent pour dix euros.
Il faut être en forme. Demain, une étape obligé de vingt-quatre kilomètres sans passer dans un village.
À suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.