Étape 19 : Passage en Espagne - A Guarda – Oia – Mariñas-Mougás : 25 km (510 km)

Lever tôt ce matin, non pour prendre la route comme la majorité des marcheurs de l’albergue, mais pour rejoindre le bateau-taxi traversant le Rio Minho. Tout est fermé à cette heure-là. Ce matin, le garçon est bougon. Pour quelles raisons ? Bref, je me sens un peu seul.

Quand on voyage en groupe, ce qui est rarement mon cas, on ne comprend pas toujours celui (ou celle) nous accompagnant. Peu enclin au conflit, je préfère prendre du recul, et me renfermer dans ma coquille… Saint-Jacques bien sûr !

Le temps est frisquet, venteux même. Nous attendons qu’un premier groupe, constitué des Italiennes et d’un couple, effectue le passage. Le nôtre avec un couple de vacanciers doit attendre une demi-heure.

Voilà, maintenant l’embarquement. Le passage se déroule au milieu d’un brouillard à couper au couteau. Frédéric enregistre une vidéo[1]. Bon ! Cela ne dure que quelques minutes, mais c’est impressionnant. 

Nous prenons pied en Espagne, à A Pasaxe en Galice où se situe Saint-Jacques-de-Compostelle. Le parcours jacquaire effectue un détour par la montée raide au Parque de Saa. Nous préférons suivre la route nous menant à A Guarda où nous petit-déjeunons. Nous y retrouvons nos Italiennes d’hier. Contacts rapides, elles sont plutôt distantes. C’est la vie ! En revanche, l’ambiance avec le fiston est plus détendue depuis le passage en bateau.

Nous cheminons par Fedoranto, Lamosa, Portecelo, Lagoellas, Campo do Viso… jusqu’à Oia, soit une douzaine de kilomètres. Dans ce dernier village très touristique se trouve le monastère de Santa María la Real. Monument national, datant du 12^e siècle, il s’y déroule une fête médiévale. Même si j’apprécie cette période, nous n’y faisons pas halte.

Nous continuons par des sentiers le long de la mer. Bientôt, nous tombons sur un cul-de-sac nous obligeant à remonter vers la route à travers des rochers et de nombreuses ronces. C’est raide, épique, nous avons les jambes griffées. Pour tout dire, à ne pas faire par des pèlerins sérieux. On se comporte comme des ados attardés, et cela nous fait bien rire. Savoir se moquer de soi par moments, voilà une clé du bonheur. Nous reprenons la voie piétonne de la route PO 552.  

Nous arrivons à Mougás sans nous arrêter au gîte communal se trouvant à la fin du village. Nous avons envie, après la fréquentation des gîtes remplis, à plus de calme même si cela coûte quelques euros de plus.  

 La soirée se passe au Camping Mougás y Albergue Solidario, situé à As Mariñas-Mougás. Nous descendons à la plage, mais pas moyen de nous y baigner. Nous remontons pour plonger et nous baigner dans la piscine utilisée d’ailleurs par les locaux.

De retour dans notre chambrée à quatre lits, nous apprenons que nous la partagerons avec un couple de jeunes Italiens arrivant tard dans la soirée. C’est la loi du genre, le partage sur le Camino (nom espagnol du Caminho portugais). Ils rejoignent un groupe d’Italiens présents se rendant à Santiago pour rendre hommage à sainte Marie Salomé.

Cette sainte fait partie des trois Maries ayant débarqué aux Saintes-Maries-de-la-Mer, en Camargue [1]. Marie Salomé est reconnue comme la mère de deux grands apôtres, Jean l’Évangéliste et Jacques le Majeur, notre saint Jacques. Bien que m’étant rendu à plusieurs reprises à Santiago, je découvre qu’une église lui est dédiée. Comme quoi, le Chemin apprend constamment… Nous nous y rendrons en arrivant à Santiago.

Le soir, nous déjeunons avec ces trois Italiens.   

À suivre.

Alain et Frédéric