
Lever à 7h00 puisque nous avons prévu de prendre le petit-déjeuner vers 7h30. Celui-ci est copieux (merci, Charly). Reposés et le ventre plein, nous prenons la direction de Monistrol-d’Allier, village situé près de là.
Considérée comme l’étape la plus dure du Chemin du Puy, elle possède un dénivelé est important. Nous passons par la petite chapelle romane Saint-Jacques de Rochegude[1] située près des ruines d’un château-forteresse. Puis, c’est la descente abrupte par des chemins caillouteux et étroits vers les gorges sauvages de l’Allier.

De l’autre côté, sur le plateau granitique de la Margeride, nous découvrons une chapelle troglodyte dédiée à Sainte Madeleine, creusée dans le basalte, au hameau d'Escluzels. Une légende nous conte qu'un cavalier aurait échappé à un accident en évoquant la sainte.
Il nous reste encore un bon bout de chemin pour atteindre Saugues et sa collégiale Saint-Médard. Pas loin de six heures de marche en prenant son temps.

Nous rencontrons des sites qui pourraient être celtiques. Djam, qui a vécu sur l’ile de Man, me confirme la similarité existant entre de nombreux lieux mythiques des « peuples de la pierre ». Je m’imagine assister à l’une de ces cérémonies celtes qu’il m’arrive de décrire dans mes ouvrages.
Avant l’arrivée à Monistrol, nous perdons les traces du chemin. Cela nous oblige à descendre à flanc de coteaux. Heureusement, les gens du coin sont de grande amabilité, étant habitués à renseigner les pèlerins. Ils nous remettent dans le droit chemin nous évitant le retour en arrière.

Voici Monistrol qui se découvre dans la vallée. Pour y accéder, nous devons prendre une grande descente rapide. Comme j’ai envie de prendre un café allongé et un verre d’eau glacée, nous nous arrêtons quelques instants.
Quand il y a descente, il y a une remontée. Celle-ci est particulièrement raide. Avant de la franchir, nous croisons des pèlerins aperçus à la bénédiction.

En fait, nous marchons tous plus ou moins vite. Finalement, nous allons tous quasiment à la même vitesse en parcourant à peu de choses près les mêmes étapes. On se salue, c’est dans l’ordre des choses. En haut d’une côte, nous partageons parfois un endroit couvert pour nous protéger de la pluie qui fait son apparition de temps en temps comme avec ces pèlerines.
Moments sympathiques certes, lieu d’échanges sûrement où chacun fait l’effort d’apprendre à connaitre l’autre.

Moments fugaces aussi, car ces rencontres brèves n’ont souvent pas de suite en dehors du Chemin. Chacun est ici en toute liberté, sans un regard de jugement, pour se libérer éventuellement d’un poids qu’il porte. Plus j’avance, plus je m’aperçois que sur le Chemin, il y a de grandes souffrances que son porteur tente d’éradiquer. Un vrai chemin de croix pour certains.
Au Vernet, on peut apercevoir une maison de Béates. Celles-ci, comme les Béguines au Moyen âge, étaient de saintes femmes partageant une vie spirituelle en communauté sans pour autant avoir prononcées de vœux religieux.

Saugues est le terme de notre étape du jour. La petite cité du Gévaudan (vous savez, la petite bête mystérieuse sous Louis XV[2]) est dans le symbolisme en utilisant la matière du lieu, le bois dans ses réalisations artistiques dont celle dominant la cité.
Après un verre de bière rafraichissante, chacun rejoint son lieu de repos du soir. Djam doit se rendre au camping pour y planter sa tente. C’est ainsi qu’il veut parcourir le Chemin, ce choix lui permettant une grande liberté de mouvement. Pour commencer le Chemin, il a dormi à couvert par exception.

Quant à moi, je ne suis pas camping. Mon dos est trop abimé par des années de compétition pédestres. On n’avait pas de chaussures amortissantes quand j’étais jeune… (Oh ! le vieux ! voilà qu’il se trouve des excuses ; tu n’as pas à le faire, Alain. Assume que tu préfères un bon lit !) Aussi, direction du gîte municipal accueillant et peu onéreux de La Margeride.

Après m’être reposé, je visite seul la collégiale Saint-Médard, de style gothique, surmontée d'un clocher octogonal. Ce qui m’attire surtout, c’est la chapelle des Pénitents, le siège de la confrérie des Pénitents blancs, fondée en 1652, qui compte de nos jours une quarantaine de membres. Sans oublier, une belle Pietà du XVe siècle.
Vers 20h30 apparaît au gîte un second pèlerin, un Français peu disert habitant le Beaujolais qui se rend à Fatima. Nos échanges se limitent au minimum.
À demain - Alain, Bourguignon la Passion.
[1] Le nom de Rochegude proviendrait de « rupes acuta » ou « roca aguda » (roche aiguë).
[2] Histoire contée dans mon ouvrage, Les mystères de Saint-Jacques de Compostelle, Éditions de Borée.