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   L’étape du jour est courte pour certains d’entre nous comme Djamel, Marta, Antoine, Kamel, Sylvia… Quant à moi, j’avais l’intention de pousser jusqu’à Noailhac, situé sept kilomètres plus loin. En arrivant à Conques, j’ai vite compris devant la beauté du village qu’il fallait profiter de ce lieu magique. Les événements vont me donner raison.

   Après avoir versé notre obole au Soulié (c’était donativo, chacun verse en fonction de ses moyens.  Celui qui est désargenté peut donner un euro, et même rien, un autre plus pour compenser), nous descendons par petits groupes vers Conques.

   Certains chemins sont agréables, d’autres un peu moins. Je crois que ce que nous retiendrons, c’est la longue descente parmi les cailloux qui font mal aux chevilles et aux genoux. Comme toujours désormais, nous rencontrons des monuments un peu hors du temps comme une tour ou un étrange petit bâtiment comme posé au milieu d’un champ dans un paysage qui décoiffe. C’est beau ! On ne peut que ressentir des émotions face à la puissance de la nature. En vrai, ce sont des images qu’on ne peut oublier.

  

Dans la descente, un âne noir et une ânesse blanche. La vraie description du monde : presque le pavé mosaïque, des ténèbres à la lumière. Le regard de cette ânesse n’est-il pas apaisant et tendre ? « V’là que tu délires, papy » me dirait Yohan, mon petit-fils.

   Votre serviteur arrive à Conques. Cela vaut bien une photo pour la postérité, non ? Toujours aussi fier, le vieux ! Des hauteurs d’où nous venons, la vision est différente de celle du touriste ayant stocké sa voiture dans le parking à quatre euros. Nous découvrons l’abbatiale dans son environnement.

On comprend pourquoi les moines ont choisi ce lieu retiré, jadis accessible uniquement par les chemins de terre. Ils pouvaient s’adonner en toute sérénité à la prière et aux travaux des champs.

   Dans le village médiéval, le commerce est basé sur maître Jacques comme la statue de bois trônant devant une boutique. Mais aussi, sur l’afflux des touristes, plus nombreux que les pèlerins, et surtout plus argentés. Ce n’est pas le cas de nombreux pèlerins ou cheminants. Souvent, ils ne lui donnent pas la même valeur.

   Si l’argent est nécessaire et indispensable dans notre monde de consommation, de nombreux pèlerins rencontrés ont un budget fort limité. Ils doivent faire attention s’ils veulent arriver au bout du voyage. C’est le cas de ceux qui bivouaquent pour contenir leurs dépenses, en recherche d’emploi ou percevant le RSA. Quand on a la chance d’avoir un meilleur budget, il est de notre devoir de donner simplement sans chercher la moindre contrepartie. C’est aussi cela l’esprit du Chemin.

   Il est presque 13h00. Avec quelques compagnons de voyage, nous mangeons sur un banc. Des touristes s’arrêtent pour prendre des nouvelles avec toujours, les mêmes commentaires ou questions : « Vous êtes courageux, j’aurais aimé le faire, mais… ».

   D’autres au contraire nous regardent de côté parce que nous ne sommes pas de leur monde. C’est amusant à regarder, à observer, surtout après avoir dit un bonjour poli, et que la réponse est plutôt pincée. Ce n’est pas de la provocation, bien que…, mais de l’observation de la nature humaine. Le Chemin n’est pas tristesse, il est surtout réflexion.  

   Vers 14h00, nous nous dirigeons vers l’accueil de l’abbaye Sainte-Foy. L’accueil est assez comment dire… protocolaire. Nous entrons à tour de rôle dans le bureau où siège l’hospitalière en chef. J’avais réservé par téléphone après avoir pris ma décision de rester avec Djam.

   Comme j’avais donné le diminutif de Djam, mon compagnon de voyage fut obligé de justifier que son vrai nom était Djamel. Sans oublier les vieux clichés qui font que, pour nous punir (sniff, sniff !), on nous a placés dans des dortoirs différents. Quel ridicule ! Quand les gens coincés comprendront-ils que l’amitié n’a pas de frontières, qu’elle peut exister sans penser à des idées déplacées ? Ce n’était pas arrivé au Puy-en-Velay.

  

Nous en avons bien ri sous les yeux étonnés des autres hospitaliers. Nous avons pris possession de nos lits. Par la fenêtre de mon dortoir, j’ai pu admirer la beauté des jardins comme les moines pouvaient les apercevoir.

   Comme nous avions du temps devant nous, le repas du soir étant prévu à 19h00, nous avons déambulé dans les rues de la petite cité, et visité l’abbatiale. Une beauté architecturale à couper le souffle notamment son tympan (j’y reviendrais), les anciennes fresques, sa stature, sa nef s’élevant vers le ciel. C’est grandiose. 

Quelques vues de Conques.
Quelques vues de Conques.
Quelques vues de Conques.
Quelques vues de Conques.
Quelques vues de Conques.

Quelques vues de Conques.

  Puis, nous nous sommes dirigés pour voir le Trésor se trouvant dans une salle annexe. Comme pèlerins – eh oui, les touristes ! – nous bénéficions d’un tarif réduit pour l’entrée. Il valait vraiment le coup avec de nombreux reliquaires en or et pièces précieuses datant pour certains de douze siècles. Sans oublier la statue de sainte Foy assise rutilante d’or. Le tout dans une ambiance mettant en valeur les pièces de collection. Vraiment génial.

   En sortant, un groupe de jeunes gens nous interrogent sur le pèlerinage. À leurs yeux brillants et à leur questionnement, on pouvait voir à quel point ils seraient heureux de le faire.

Les trésors de Conques.Les trésors de Conques.

Les trésors de Conques.

Remontant vers l’abbatiale, des touristes nous demandent s’ils peuvent nous prendre en photo. Il est vrai que nous portons la coquille sur notre poitrine. Toujours aussi blagueur, et ne me prenant surtout pas au sérieux, j’ai lancé pour m’amuser un : « Cinq euros pour la photo d’un vrai pèlerin, cinq euros… » Une brave dame me répondit : « Ah bon ! » prête à verser son obole. Je la rassurais et elle prit la photo suivie par d’autres.

   Le temps étant chaud, nous prenons une bière sur la place de l’abbatiale.

Comme nous sommes deux sur une table de six, on nous fait sentir que l’on dérange un peu. Bof !

   Nous avons remarqué qu’une petite équipe de télévision d’Arte est en tournage d’un reportage sur Conques. Nous ne savions pas alors à quel point Djam y serait impliqué.

   En arrivant réfectoire, les caméramans étaient dans la cour. Les techniciens allemands, accompagnés du réalisateur français, voulaient filmer l’entrée des pèlerins allant prendre leurs repas. Le reportage continua avec l’interview d’une hospitalière rencontrée au Soulié. Puis ce fut au tour de Djamel.

   Arrivé en retard, il se trouvait sur une autre table que la mienne. Il est vrai que pour eux, voir un Français d’origine berbère sur le Chemin devait les questionner.

   À la fin du repas, Djam vint me voir, car le réalisateur souhaitait l’interviewer dans l’abbatiale. Mais, il hésite du fait de son appartenance à sa communauté. Je le rassure, et lui donne mon avis. Après la messe des pèlerins, ce fut chose faite alors que nous quittons l’abbatiale. 

Pendant ce temps, dehors, dans un véritable show, un frère Prémontré nous conta avec verve les détails du tympan Sainte-Foy. Comme pour appuyer ses dires, il demanda à une pèlerine de représenter sainte Foy parmi la soixantaine de personnes présentes. 

   Nous rentrons de nouveau dans l’abbatiale pour assister à un concert d’orgue qui dura jusqu’à 22h00 sonnantes, le temps qu’il fallait pour que la lumière illumine de simples vitraux de grande beauté. Un moment émouvant qui restera gravé dans ma mémoire. Une belle journée.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.   

Tag(s) : #De Dijon 2013
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