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   Cette magnifique abbatiale valait bien une chronique particulière. Monument historique classé patrimoine de l’UNESCO au titre des Chemins de Saint-Jacques, elle est effectivement d’une grande beauté. Qui était Severus devenu saint Sever ?

   Il fut envoyé au Ve siècle par le pape pour évangéliser les provinces gasconnes issues de la Novempopulanie gallo-romaine, le Pays des Neuf Peuples. Après avoir guéri miraculeusement le gouverneur, il aurait converti son peuple à la religion naissante. Lors de l’arrivée des Vandales, il fut décapité. La tradition situa son martyre sur la cote de Brille qui monte depuis l'Adour jusqu'au plateau de Morlanne. On aurait alors fait construire une première chapelle sur le tombeau du martyr. Pour conserver le souvenir de cette légende, la population de la Chalosse va consacrer de nombreuses églises à son nom. 

   L’abbaye aurait possédé une relique de Saint-Sever. Selon la tradition, son crâne aurait été échangé contre du blé à Jaca en Aragon, caché puis rapatrié d'Espagne (par un ange ?). Une autre partie aurait été transportée en l'église Sainte-Eulalie de Bordeaux avec celles de ses compagnons  pour échapper aux destructions des grandes invasions. La chasse en argent doré ornée de pierres contenant la relique ayant été enlevée par les huguenots en 1569, et le crâne détruit, les moines obtinrent la permission de retirer du reliquaire de l'église Sainte Eulalie une partie des restes de Saint-Sever dont la translation eut lieu en 1716. La restitution totale intervint en 1875.

Le reliquaire baroque en bois peint doré aujourd’hui exposé dans la salle du Trésor date 1782.

   Qu’en est-il de l’abbaye ?

   A la fin du Xe siècle, le duc de Gascogne Guilhem Sanche doit faire face aux Normands. Il sollicite l’intercession de saint Sever en faisant le vœu d'élever un monastère sur sa tombe en cas de victoire. Le duc emporta la victoire lors de la bataille de Taller où le saint serait apparu pour galvaniser les troupes gasconnes.  C’est ainsi qu’auraient été édifiés ce monastère et son abbatiale en 988.

   En 1068, après un incendie, l’abbé Grégoire fit reconstruire l’église selon le plan bénédictin en s’appuyant sur le plan de l’abbaye Cluny II érigée à cette époque. Elle fut achevée au XIIe siècle. Lors de la guerre de Cent Ans, puis les guerres de Religion, le monastère et l’abbatiale subirent de gros dégâts. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Mauristes rétablissent le monastère. Lors de la Révolution, les religieux sont chassés, l’abbatiale devient église paroissiale en 1795. Des travaux sont effectués au XIXe siècle pour rétablir la façade et la nef en néo-roman.

   Comprenant soixante-dix-sept chapiteaux d’origine romane, on peut y admirer tout ce que représente cet art symbolique avec des lions souriants, des oiseaux monstrueux, des feuilles découpées… Le tympan roman comporte un Christ en gloire. Le chevet de l’abbatiale possède sept absides de grande ampleur. Les bâtiments conventuels sont conservés en très bon état (la mairie y est même installée). J’ai pu apprécier en m’asseyant dans le cloitre, la vision qu’apercevaient les moines en toute quiétude dans ce lieu de réflexion.

   Voici ce que la chronique du temps racontait sur les pèlerins : « Après une escale en bas de la côte dans l’hôpital Saint-Michel, les Jacquets rejoignaient la ville haute par la côte de Brille. Ils longeaient la citadelle de Marianne, puis franchissaient l’enceinte pour rejoindre l’abbaye. Ils pénétraient dans l’abbatiale pour prier dans une sacristie située derrière l’autel majeur. Là se trouvait une armoire reliquaire de pierre blanche avec à ses pieds une source miraculeuse. Ils pouvaient ensuite se reposer à l’infirmerie-hôtellerie dans l’aile sud du monastère. Ils reprenaient la route après une escale dans la chapelle Saint-Jacques de l’abbatiale, et franchissaient le petit portail nord pour rejoindre Audignon, l’étape suivante. »

L’abbatiale de Saint-SeverL’abbatiale de Saint-Sever

 

  Aujourd’hui, nous autres pèlerins ou cheminants modernes, nous sommes accueillis au couvent des Jacobins.     

   Il est à noter dans le folklore de Saint-Sever la présence de la confrérie des Jabotiers qui a pour but de défendre tous les animaux portants jabots : canard, oie, tendre poulet, dinde, chapon dodu... et le foie gras. Le chapitre avec défilé et intronisations a lieu en général le premier dimanche de septembre. Sans oublier les bandas, petits groupes musicaux de cuivre, le jeu de quilles, les ganadérias, élevages de taureaux et de vaches landaises, l’encerrio, la course des jeunes taureaux qui existent depuis 1457…

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

Tag(s) : #De Vezelay en 2012
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