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Publié par Alain Lequien

   Le branle-bas dans le camping-car s’effectue vers 7h00, car nous voulions partir relativement tôt. Dans les faits, ce n’est qu’à 8h00 passé que nous décollons. Le petit-déjeuner fut de bonne facture, et nous eûmes un peu de mal mutuellement à nous séparer.

   Notre hôte nous accompagna jusqu’au chemin permettant de rejoindre la voie du Puy. Je vis une grande émotion dans ses yeux. Il dira plus tard à Jean-Claude que notre venue lui avait redonné le moral. Tant mieux, car nous devons dépasser le lien hospitalier-pèlerin au profit des deux.

   C’est cela aussi la richesse du chemin, chacun laisse libre cours à son moi intérieur sans avoir honte de dire ce qu’il pense. Il n’y a pas de jugement pour celui qui s’implique même si Radio-Camino est parfois bien présent.

   Le départ est difficile. Bientôt, je traîne tellement la patte avec une douleur à chaque pas que j’engage mes compagnons à marcher à leur rythme. En fait, si par moment cela va bien, je dois faire des pauses fréquentes pour me masser la jambe. Passage au moulin de Pouy où nous retrouvons la voie.

   Au cours de mon passage à Manciet, je fais quelques courses, surtout des fruits. Puis, je prends seul la direction de Nogaro, bourg rendu célèbre pour son circuit Paul Armagnac de sports mécaniques. Ce jour-là, il y a beaucoup de motos en ville. Pour le week-end du 14 juillet, on annonce une course de camions.

   Des affiches à destination des pèlerins les préviennent qu’il n’y aura pas de places pour les héberger. En mon for intérieur, et vous savez comment parfois je peux être caustique, je trouve cette information ridicule à Nogaro même. En effet, c’est en arrivant sur place qu’on le découvre. Il est un peu tard pour qu’il prenne ses dispositions ! Non ? Enfin…

   Je visite la collégiale romane Saint-Nicolas, et y découvre un saint Jacques tel que je les aime. Et que dire de cette entrée magnifique, sculptée ? Et des fresques romanes des absidioles redécouvertes en 1995 ? Par exemple, celle de la vie de Saint-Laurent, ou le Christ en majesté dans une mandorle, entouré du tétramorphe[1]. Émouvantes !

   Je passe quelques minutes – au bout de quinze minutes, je suis coupé – à l’office du tourisme pour tenter d’envoyer un article pour mon blog. En vain… Cela sera pour un autre jour.

   Je reprends mon chemin. Des routes sans voiture au milieu des champs, des chemins sinueux, parfois un étang avec des nénuphars. La France profonde qui ne demande qu’à se faire voir et découvrir par celui qui sait prendre le temps et regarder avec ses yeux et son cœur sans jugement.

   Je continue toujours seul mon périple sous une forte chaleur. Maintenant, je m’arrête tous les cinq cents mètres tant parfois la douleur et la chaleur me font grincer les dents. Pas de doute désormais dans mon esprit. Si je ne veux pas handicaper la suite de mon Camino, je n’ai pas d’autre choix que de consulter. À Aire-sur-l’Adour, une ville plus grande que Nogaro, j’irais voir médecin. Il faut que je règle cela. 

   C’est enfin l’arrivée à Lanne-Soubiran, où Marinette, une pèlerine d’origine belge, a installé un nouveau gîte d’accueil de jacquets dans le presbytère qu’elle a racheté. L’endroit est beau, calme, fleuri.  

  À ma grande surprise, seul notre ami québécois est déjà arrivé. Les deux autres personnes n’arriveront que plus tard. Intérieurement, j’en suis heureux, car j’ai mieux marché que ce que j’avais prévu le matin même. Heureux, mais lessivé.

   Marinette, ayant travaillé en milieu médical, confirme ma décision d’aller voir un médecin. Elle n’est même pas très optimiste. Son diagnostic est que je devrais m’arrêter pendant plusieurs jours. Mais, vous connaissez l’entêtement d’un Lequien. Ma seule réponse : on verra bien… 

  D’autant que ce jour est à marquer d’une belle pierre : je viens de dépasser les mille kilomètres en 38 jours. Cela se fête, non ? Vous voyez, j’ai le moral. 

   Le soir, nous avons diné sur la terrasse en prenant un frugal repas préparé par notre hôtesse. À notre demande, car nous avons tous à apprendre de l’expérience des autres, elle nous raconte sa vie de travail et d’entraide au sein d’un organisme humanitaire opérant en Afrique pendant plusieurs années. Une soirée passionnante.

   Vers 22h00, après la vaisselle, chacun regagne son lit et s’endort bien vite. Une journée éprouvante.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

 

[1] Le tétramorphe (les quatre vivants, les quatre êtres vivants) représente les quatre animaux ailés tirant le char de la vision d'Ezéchiel (Ez. 1 ; 1-14). D'abord cité dans le Livre d'Ezéchiel, il est repris par Jean dans l'Apocalypse (Apoc. 4; 7-8).

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A
<br /> Oui, effectivement, je suis sa soeur. Il laisse un grand vide. Merci encore à vous<br />
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C
<br /> Merci pour cette photo avec mon frère Antoine parti trop vite ce 10 août 2014. Merci aussi de lui avoir remonter le moral lors de votre passage chez lui. Ultreia Antoine, mon petit frère.<br />
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A
<br /> <br /> D'après ce que je comprends, vous êtes la soeur d'Antoine qui m'avait reçu avec deux autres pélerins au Chalet du Bonheur. J'en garde un bon souvenir que j'ai d'ailleurs exprimé quelques jours<br /> plus tard. Si j'ai bien compris, il est parti pour un monde meilleur. Toutes mes amitiés. Bourguignon la Passion.  <br /> <br /> <br /> <br />