Étape 48 : Donostia/San Sebastián (PBasq.) à Askizu (PBasq.) – 27 km (1243 km)
Pour cette seconde étape espagnole, je pars à 6h00. Il n’y a pas de cuisine donc pas de possibilité de prendre mon petit-déjeuner. Quelques minutes plus tard, au café, je prends un café américain, c'est-à-dire allongé, avec un gâteau, pour deux euros cinquante.
Suivant le fléchage le long de la plage, je bifurque vers la gauche pour entamer une montée. En prenant la photo d’un monument, je suis rejoint par Patrick, le solide gaillard autrichien déjà croisé. Nous échangeons un peu. Continuant notre cheminement de concert, en haut de la montée, comme je vais moins vite, il continue à son rythme. Nous nous suivons de loin en fonction de nos arrêts.
Nouvelle photo, celle du soleil levant perçant sur le phare. À Igeldo, je découvre un étrange attirail mis à la disposition des pèlerins de passage. Eau, papier, tampon... posé sur une petite table le long d’un mur. Il est indiqué que Santiago est à 795 kilomètres. Est-ce juste ?
Je continue tranquillement vers Orio. Toujours des paysages grandioses, à l’irlandaise, comme cette ferme dominant la mer. Et puis, il y a le soleil. Ne suis-je pas immense avec mon ombre géante ? Bien sûr, c’est un effet d’optique.
Pourquoi ne pas rêver un instant que je faisais partie de ces héros qui jadis dominaient ces contrées ? Nous sommes en Pays basque. La cosmogonie et leurs mythes en fait un peuple béni des dieux.
Si les chemins sont herbeux et la verdure présente, il y a de nombreux cailloux. Ils sont trop nombreux pour être repoussés. Il faut donc faire attention à ne pas se tordre les pieds. Surtout moi portant des sandales de marche. Je passe en forêt où sont annoncés des chevaux basques en liberté. Il faut donc faire attention à bien refermer les barrières à chaque passage.
Espérant en apercevoir l’un d’entre eux, je fais une halte d’un quart d’heure. En vain ! Plusieurs pèlerins passent. Bof !, je vais les redoubler. J’ai beau avoir fait une croix sur mes anciennes performances, il reste toujours en moi des traces de l’ancien compétiteur.
J’arrive au port de pêche d’Aia-Orio, après treize kilomètres de marche, sur le fleuve Oria Ibaia. Le soleil brille de toute sa splendeur. Le point d’eau de l’ermitage San Martin est le bienvenu.
Cette présence peut étonner ! Il est vrai que saint Martin de Tours était très vénéré par les pèlerins du Moyen âge.
L’église San Nicolás de Bari, de style baroque, située dans la partie haute du vieux quartier est ouverte. En la visitant, je vois accrocher au plafond un bateau, comme le fil à plomb reliant le ciel et la terre. Il est assez logique que ce village de pêcheurs dédie son église à Saint Nicolas protecteur de pêcheurs et voyageurs par mer.
Direction de Zarautz, une station balnéaire de renom. Avant d’y arriver, je passe sur une étonnante plage herbeuse accueillant de nombreuses familles. Il est vrai que nous sommes en juillet. Je grimpe une longue côte me faisant passer dans un vignoble. Sur les hauteurs, j’aperçois la cité balnéaire. La descente sur le goudron est désagréable. Mais, c’est surtout le bruit des voitures et des klaxons de police et d’ambulances qui me gênent. J’y retrouve Patrick avec qui je bois un café. Alors qu’il va paresser sur la plage, je prends la direction de Getaria, but prévu de mon étape du jour.
Pour y accéder, je prends sur plusieurs kilomètres la voie piétonne serpentant sur la corniche surplombant la mer Cantabrique. C’est comme cela ici que l’on appelle l’Océan Atlantique. C’est beau, bien entretenu. Une foule nombreuse s’y presse. En mer se déroule une compétition de natation à moins qu’il ne s’agisse de la partie nage d’un triathlon. Je ne sais pas, et pour tout vous dire, cela m’intéresse peu.
À Getaria, je découvre un monument sur lequel est surmonté un bras levé. Pour quelle raison ? Cela reste pour l’instant un mystère. Sur ce même bâtiment, on peut voir une fresque gravée dans la pierre représentant un explorateur. Un hommage à Elcano, nommé fils illustre de la localité ? Juan Sebastián Elcano/Elkano fut un explorateur et marin basque qui réalisa le premier tour du globe en bateau de 1519 à 1522, lors de l'expédition commandée à l'origine par Fernand de Magellan. Il revint à Séville avec les derniers survivants de l'expédition à bord de la Victoria. Il mourut dans l’Océan Pacifique en 1526. Sa statue d'Elcano fut érigée en 1861.
On m’avait beaucoup parlé de l’église-forteresse Saint-Salvador, et de son immense crypte. Hélas encore, elle est fermée. La ville est belle, avec ses rues étroites rappelant l’époque médiévale. J’ai appris aussi que Getaria fut un ancien village de baleiniers, comme de nombreux villages de la côte basque. Étonnant !
Il est temps de reprendre la route, car j’apprends par un pèlerin que ça se bouscule au portillon du refuge. Et pour tout vous dire, cela me prend la tête de faire la queue pour avoir une place. J’aurais d’autres occasions de la faire dans les étapes à venir. Je vais donc pousser un peu plus loin, dans un petit village qui, m'a-t-on dit, posséderait une auberge de jeunesse. C’est mieux que rien, non ?
Après un coca bien frais pris dans un distributeur – il faut limiter les dépenses – j’attaque une longue montée constituée de gros cailloux qui font mal aux pieds. Elle me mène près de trois kilomètres plus loin à Askizu. En arrivant dans ce village, je découvre de nouveau une église dédiée à saint Martin de Tours. Devinez ! Elle est fermée.
À l’albergue, je prends une demi-pension pour vingt-sept euros. La chambre est de qualité (en fait, je suis le seul pèlerin ce soir-là). J’ai droit à une serviette, et peux utiliser un vrai salon avec fauteuil où j’ai pu, grâce au wifi, vous poster trois articles ce soir-là.
Le repas fut moyen, mais pour le prix, on ne peut pas tout avoir… le beurre, l’argent du beurre et la fermière. Tiens, je sens que ma Pauline va me remonter les bretelles. Ce n’est que vers 23h00 que Morphée me tend ses bras.
À demain - Alain, Bourguignon la Passion.