Étape 52 : Mansilla de las Mulas (Cast.) à Villadangos del Páramo (Cast.) – 42 km (1457 km)
Départ à 6h15. La sortie est bien fléchée, et je ne savais pas que ce jour-là, j’allais réaliser mon plus long trajet depuis mon départ. Je vous déconseille d’en faire autant. En fait, je ne voulais pas m’arrêter dans les usines à pèlerins de León. Malheureusement, je n’ai pas fait le bon choix à la sortie de cette grande ville de 126 000 habitants. J’espère que mon expérience malheureuse vous sera utile.
La lune est pleine et encore apparente lorsque le jour se lève. À Arcahueja, onze kilomètres après mon départ, je suis en train de déjeuner lorsqu’arrive Ramon en me donnant des nouvelles de Simon avec qui il a déjeuné à Reliegos. Dire que nous étions si près hier !
Nous reprenons le chemin vers León. Il a l’intention de s’y arrêter pour visiter la grande cité. Alors que nous rentrons en ville, nous sommes arrêtés comme tous les pèlerins par la Protection civile. Elle nous annonce que l’albergue municipale est fermée pour raisons économiques (la crise est bien là). Ils nous fournissent la liste des albergues privées.
Nous prenons le temps de manger un sandwich local dans un café typique de la cité puis j’accompagne Ramon à son albergue située dans le monastère de Santa María de Carbajal. L'accueil des pèlerins fait partie de la tradition bénédictine, puisque saint Benoît dans sa Règle ordonne « de recevoir le pèlerin comme s'il était le Christ lui-même ». J’ai regretté plus tard de ne pas avoir fait comme lui. Nous nous quittons simplement, car je dois me rendre à la cathédrale pour la visiter et retrouver Éric comme convenu.
Quelle ne fut pas ma surprise, en remontant la rue piétonne, de retrouver au milieu de la foule Simon le Québécois qui cherchait un distributeur bancaire ! Hasard, quand tu nous tiens ?
Nous nous faisons l’accolade, et nous nous disons que cela serait bien de continuer de nouveau à cheminer ensemble. Nous allons à la cathédrale Santa María, l'une des plus renommées d’Espagne. Hélas, elle est fermée et ouvre tardivement. Je ne verrais donc pas ses célèbres vitraux et son cloître.
Simon prend le temps de faire un croquis de la façade. Toujours pas d'Éric en vue. Au bout de trente minutes, comme je n'ai pas son numéro de téléphone pour le joindre, nous partons. Nous passons au monastère bénédictin de Saint Marc qui servit jadis d’hospital pour les pèlerins. Je suis déçu, je n'ai pas pu voir les fresques attendues.
Nous nous dirigeons vers Valverde de la Virgen où est censée se trouver une albergue en passant d’abord devant d’étranges maisons troglodytes ? Nos conversations engagées les premiers jours de notre rencontre reprennent avec grand plaisir. La sortie de León est particulièrement inintéressante. On passe par des terrains vagues à forte senteur de pétrole. Certainement une chose sur laquelle devrait se pencher cette cité célèbre.
Nous faisons un arrêt-buffet à La Virgen del Camino avant de prendre la route de Valverde. Là, mauvaise surprise, l’albergue annoncée est fermée pour raisons économiques. Elle est en mauvais état. Nous allons boire un verre au restaurant situé en face pour demander s’il existerait une autre solution. Proche ? Non, la prochaine est à onze kilomètres de là. Simon a déjà parcouru trente-sept kilomètres, moi seulement trente-et-un.
Très gentiment, la tenancière du restaurant téléphone à l’albergue de Villadangos pour annoncer notre arrivée vers 20h30. Une longue journée après celle de la voie Romana.
La route est pénible, je suis vidé. Il a fallu toute la patience de Simon pour m’amener littéralement au bout de ces onze kilomètres. Si j’étais resté seul, il y avait de fortes chances que j’aurais été dormir dans mon sac de couchage dans un coin quelconque. À moins d'appeler un taxi ?
Simon se proposa de porter mon sac, ce que j’ai refusé. Il n’a pas à supporter les conséquences de cette difficulté.
Nous arrivons vers 21h00. Comme des gamins devant les autres pèlerins étonnés, nous nous tapons dans les mains comme si nous avions réalisé un exploit. Enfin, c'est presque vrai ! Il faut bien se remonter le moral.
Après avoir mangé un morceau, le sommeil réparateur vint vite après cette deuxième journée consécutive difficile.
Je regrette de ne pas avoir passé assez de temps à León. Je vais y repasser, c’est immanquable.
À demain - Alain, Bourguignon la Passion.