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   Je pars seul vers 7h30, après avoir attendu l’ouverture du bar du camping pour prendre mon petit-déjeuner. En effet, souhaitant suivre le chemin côtier – par nature peu fréquenté et isolé –, il y a peu de chance que je trouve un établissement ouvert avant un bon moment. Donc, suivant le proverbe « prudence est mère de sureté », il vaut mieux partir le ventre plein.

   Les chemins la plupart terreux et pierreux vont s’enchainer au fil des kilomètres en suivant les dénivelés du parcours. De temps à autre, des escaliers de pierres facilitent le cheminement notamment dans les descentes raides. Si parfois, je croise un cheminant parti plus tôt, à deux reprises je suis doublé par ceux qui sont plus rapides. Je suis toujours impressionné par leur grande régularité, cela doit être moins fatigant. Quant à moi ce matin j’alterne marche rapide et marche de sénateur au gré du moment. Chacun son truc !

   Si jusqu’à présent je n’ai rencontré personne de connu, j’ai la surprise de tomber sur Marco l’Italien. Je pensais qu’il était largement devant moi du fait de sa condition physique. Il était heureux, car, quelques minutes auparavant, le couple de yoguistes allemands croisé à plusieurs reprises venait de lui rapporter son appareil photo… perdu deux jours plus tôt. Encore un « miracle » du Camino…

   Nous sommes heureux de nous revoir. Chaleureux, nous nous faisons l’accolade alors qu’il m’est apparu jusqu'à présent comme quelqu’un de réservé. Comme quoi… Il est tout content de me faire découvrir une étrangeté de la nature : les bufones d’Arenillas. Au bord d’un trou sans passage apparent d’eau, on peut entendre l’écho du flux et du reflux de la mer. Impressionnant.   

   Le sentier continue par une grande descente accédant à une passerelle de bois sur le Rio Puron à Cueto De La Viña. La côte est si découpée que l’on passe au-dessus de criques possédant de belles et minuscules plages. Des lieux attirants pour celles et ceux friands d’endroits calmes pour se baigner ou paresser. Si votre serviteur n’est pas très mer, ce n’est pas le cas de certains pèlerins profitant des lieux. Après tout, pourquoi pas ? La nature s’offrant ainsi, il doit y avoir une raison au moins par la beauté de ces lieux. 

   Reprise du Chemin. Un peu plus loin, je gravis une grande montée suivie d’une longue descente qui contourne le golf de la Cuesta installé sur les hauteurs. Je vois des joueurs se pencher au-dessus du parcours à la recherche, je pense, d’une balle perdue, pas pour regarder ceux passant sur le sentier. Ils ont la tête ailleurs.

   De loin, j’ai une vue sur le golfe de Llanes.

Au bout de ce chemin se trouve un ermitage d’une grande pureté au milieu d’une plantation avant d’entamer la descente vers la cité. J’ai la surprise de rencontrer les énarques avec lesquels j’avais cheminé sur la route de Santander, il y a une bonne semaine. Nous restons une heure ensemble en prenant un café. Je les trouve plus sympathiques qu’à Santander. Comme quoi, qui a changé ?

   Si au début de la journée le soleil avait fait une apparition, il tombe maintenant de la bruine désagréable accompagnée d’un vent froid m’obligeant à remettre le k-way. C’est dans l’ordre de la nature cette alternance du temps du soleil brûlant, de la pluie, du vent. Il est vrai que nous sommes en bord d’océan, ce n’est donc pas un temps changeant anormal. 

En pénétrant dans la ville balnéaire, nous passons devant un parc où l'on peut voir des reproductions de dinosaures. C’est certainement un parc de loisirs pour enfants, petits et grands. Notre étonnement, c’est surtout les villas cossues devant lesquelles se trouvent des œuvres d’art.

   La ville est bruyante. Je fais rapidement provision d’argent et de nourriture avant de m’en éloigner au plus vite. Mes deux compagnons s’arrêtent au village suivant, aussi comme ils restent en ville, je continue seul.

   Je traverse Poo avant de reprendre le sentier de la côte où je découvre de nouvelles criques. Au loin, je suis attiré par une étrange figure de chien géant aux grands yeux qui semble émerger de l’océan. En fait, il s’agit d’une ile située à une centaine de mètres du rivage chaotique de la côte.

Cette vision est en fait un effet d’optique qui évolue au fur et à mesure qu’on s’en approche. Cela n’est pas sans me rappeler la vision de l’arbre mort vu sur le chemin du Puy qui faisait penser à la statue d’un Saint-Jacques géant[1].   

Encore un effet de la nature. Il faut savoir regarder en laissant courir son imagination. Nos ancêtres  voyaient ou entendaient ces choses inexplicables servant de base à de nombreuses légendes.

   J’arrive au monastère San Salvador de Celorio que j’ai aperçu de loin. J’admire l’église Nuestra Señora de los Dolores de Barro se reflétant dans l’eau calme de l’estuaire voisin. Vision incroyable. Je passe à la plage de San Antolín de Bedón où je prends le repas du jour à neuf euros. Il faut se ragaillardir un peu. Ma rencontre avec des touristes francophones fut rapide et peu enrichissante. Ils s’arrêtent sur les hauteurs d’une piste pierreuse pour déjeuner.       

   Le chemin a été long, et je suis crevé. Je ne pourrais pas rejoindre Piñeres de Pria comme j’avais envisagé de le faire. Je décide sur les conseils d’un autochtone de m’arrêter à Naves dans un hôtel rural possédant un accueil pèlerin. Mauvaise expérience : il fait partie des pires rencontrés sur les Caminos : matelas et oreiller sales et déchirés, accueil pitoyable, rien n’est fourni pour recouvrir le tout (cela me semble pourtant un minimum), une seule douche à moitié hors service. Et pourtant, il est plein.

   J’y retrouve Margareth qui tente de m’amener à la messe de 18h00. En vain ! À la suite de celle-ci, nous allons au seul bar du coin où trône cette affiche humoristique bien vraie : « WC Salon de Lecturas ». Je vais y manger une sorte de croque-monsieur... Sans commentaire.

   Au retour, un chien noir local semble m’estimer et prend la pause.

Ah ! Entre gens de bonne compagnie, on se comprend.

  Le soir, une famille bruyante de Coréens va faire un barbecue dans le jardin jusqu’à près de minuit, laissant leurs enfants crier et courir. J’interviens fermement (ce n’est pas trop mon caractère) auprès d’un jeune ayant mis à fond la musique. Devant ma détermination, il la module de quelques degrés.

   Vous l’avez compris, j’ai passé une mauvaise nuit avec la peur d’attraper ces fameuses punaises de lit. Je ne dois pas être comestible, j’y ai échappé.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

 

[1] Étape 23.

Tag(s) : #De Dijon 2013
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