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Muxia, le but de cette étape est un autre lieu emblématique du Chemin de Compostelle.

   Selon la tradition, « Tout meurt à Finisterre, tout renaît à Muxía ». Un vrai symbole pour le cherchant et cheminant qui conte le cycle de la vie avec la mort suivie d’une renaissance.

   N’est-ce pas là une raison du Chemin : se remettre en cause vers une vie meilleure et plus équilibrée ? Le vieil homme parti depuis trois mois a-t-il laissé sur le bord de la route une partie de son sac de pierres, à l’image des métaux laissés à la porte du lieu de réflexion et de partage ?

   Toujours est-il que j’ai hâte de rejoindre ce lieu situé sur la Côte de la Mort que je vais découvrir pour la première fois avec ce second voyage de cheminant en Galice.

   Il est 8h00 lorsque je quitte seul Lires. Mes compagnons d’hier ont décidé de partir plus tard.

   En passant non loin de la plage du croissant d’ Hermedesuxo, à la hauteur du Rio de Lires, je pense à l’une de mes lectures concernant un lieu dénommé « la plage du jugement du sage »[1].  Ce serait ici que les alchimistes seraient venus recueillir l’antimoine rejeté par la mer ; antimoine qui leur aurait permis de travailler à la réalisation du Grand Œuvre.

Encore un lieu qui porte le rêve inaccessible de l’homme dans sa recherche de la pierre philosophale.  

   Le chemin à parcourir ce jour est assez court, nul n'est besoin de se presser. En chemin, rencontre avec un chien pèlerin portant sa nourriture. Il me fait penser à mon héros de l'un de mes futurs livres.

   Après Fonte Cabanas, arrivée à Guisamonde que je poursuis par des chemins forestiers. Dans un hameau, un petit bonjour à une femme menant son troupeau de moutons au champ… Pas de réponse.

Muxia est au bout de cette route asphaltée longeant la côte. Là, une plage bien vide (nous sommes fin août), mais attrayante. Plus loin, la côte est morcelée, les rochers attaqués par la puissance des flots. Toujours pas de cité en vue.

   Elle apparait soudaine au détour d’un virage. L’albergue située sur les hauteurs. À cette heure-ci, son accès est clos. Il y a juste un pèlerin italien qui m'a doublé sur la route. J’en profite pour effectuer quelques courses de bouche en ville, car je n’ai plus rien à manger. De retour, je trouve de nouveaux pèlerins qui patientent. L'heure, c'est l'heure !

   Cette auberge d’État possède des lignes modernes, elle est presque neuve bien loin de certaines en piteux état. Au bout d’une demi-heure, je peux choisir en toute tranquillité l’un des lits proposés. L’intérieur est vaste et d’une grande sobriété. C’est un grand plaisir de prendre une bonne douche fraiche. Il faut dire qu’il fait chaud aujourd’hui. Je me repose un peu puis j'écris. J’ai tant de choses qui se bousculent dans ma tête.

   La cité fut le théâtre aux débuts des années 2000 du naufrage du Prestige qui laissa de très mauvais souvenirs à la population. Le fioul déversé eut comme conséquence la perte d’une grande partie de la pêche au poulpe, dont on connait l’importance pour la Galice.

 
Muxia : découverte et albergue.
Muxia : découverte et albergue.
Muxia : découverte et albergue.
Muxia : découverte et albergue.

Muxia : découverte et albergue.

   Mais je ne suis pas ici pour vous conter l’histoire récente de cette cité, mais pour me rendre au sanctuaire de Notre-Dame de la Barque, lieu symbolique du Chemin pour les chrétiens. Il fait partie des sept lumières de la Galice contée dans Le voyage alchimique de Patrick Burensteinas[2] avec Santiago, Fisterra, la plage du jugement des sages (voir plus haut) ainsi que trois autres lieux non encore visités : Noia (le port de Compostelle à 35 kilomètres), le Castro de Baroña et Iria de Flavia-Padron[3]

   En fait, un peu tête en l'air, je me trompe de sens. Après tant de voyages, c’est nul ! Peut-être déjà l’esprit de retour ! Au lieu d’aller à gauche en descendant du refuge, je prends la direction de droite. Après avoir parcouru la passerelle de bois passant au-dessus du sable, je rencontre deux jeunes filles en train d’étaler sur une petite route des algues qu’elles ont pêchées non loin de là. Elles m’expliquent que jadis ce travail était réservé aux hommes. Désormais, il est effectué par les femmes. Ces algues séchées en plein soleil sont vendues à un laboratoire qui l’utilise pour en fabriquer des médicaments.

Ah ! Si je ne m’étais pas trompé, je n’aurais rien su. Je sais, je sais… ce hasard fait si bien les choses. 

   Après ce détour, retour vers le centre de Muxía. En cours de route, je découvre une tente de pèlerin au milieu des dunes. Sa coquille bien apparente ne laisse pas de doute sur son propriétaire. En repassant par la plage, je ne peux manquer de me tremper les pieds au milieu des algues qui pullulent jusque-là. Pas très touristique cela !

   À suivre, pour la visite du sanctuaire Nosa Señora da Barca.

[1] Dans le film « Le voyage alchimique », Patrick Burensteinas cite  plusieurs légendes liées à la mer et en relation avec les côtes galiciennes.

[2] Auteur, conférencier et formateur international, Patrick Burensteinas est reconnu pour sa faculté à vulgariser les principes et notions de l'Alchimie. Il a participé à la série de 7 films Le Voyage Alchimique de Bruxelles à Saint-Jacques de Compostelle réalisée par Georges Combe.

[3] Je visiterais ce lieu quelques années plus tard, sur le chemin portugais, en remontant de Lisbonne et Fatima.

Tag(s) : #De Dijon 2013
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