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   Continuant ma préparation physique, je me suis rendu à Mont-Saint-Jean, un des plus beaux villages de Bourgogne, situé à mi-chemin entre Pouilly-en-Auxois et Saulieu. Si naturellement il s’agit de parcourir ces dix-huit kilomètres, c’est aussi l’occasion de découvrir et de s’enrichir. Cela n’empêche pas le travail de réflexion et d’introspection qui est au centre du cheminement du pèlerin. 

   Partant de Dijon sous le soleil, passant à Pouilly, je ne peux m’empêcher de m’arrêter à Cap Canal pour revoir ce toueur[1] électrique utilisé de 1893 à 1987 sur le canal, abrité sous la halle conçue en 2004 par l’architecte japonais Shigeru Ban, connu aussi sous le nom d'Eiffel du carton...

   Pour la petite histoire, ce dernier participa à l’élaboration du Centre Pompidou de Metz avec Jean de Gastines. Cela n’est pas sans me rappeler notre voyage sous les trois kilomètres de voûtes du canal de Bourgogne sur la Billebaude pilotée par Jean-Pierre Midavaine, marinier, voyageur au long cours et auteur notamment de L’Écluse numéro 8.  Un moment riche plein de partage avec un homme de qualité. 

  

C’est l’arrivée sous un ciel chargé de nuages à Mont-Saint-Jean, cité médiévale située sur un éperon calcaire, entourée de solides remparts. Ses rues sont bordées de maisons avec tourelles, fenêtres à meneaux datant parfois du Xe siècle, de tours rondes ou carrées, de pigeonniers. Le château, une solide forteresse médiévale surveillant la vallée où coulent le Doran et le Serein, est doté de quatre imposantes tours rondes. Sans oublier l'église Saint-Jean-Baptiste datant des XIIe et XIIIe siècles, au superbe clocher roman.

À voir et à méditer au-dessus de la porte arrière de l’église, la beauté de ces sculptures et la croix de Malte. Cette porte permet de communiquer avec la crypte. Hélas, l’église est fermée. Je ne peux m’empêcher de penser à l’histoire de P’tit Louis et de la vouivre que j’ai racontée dans Les Mystères de la Côte-d’Or.

   C’est ensuite le départ pour la marche. En passant, je ne peux que sourire devant cet avertissement situé au coin d’une rue montante « Avis à ceux qui vont trop vite… en voiture ». Un peu plus loin, l’emblème coloré et sympathique des sapeurs-pompiers. Je n’en connais pas l’histoire. Si quelqu’un peut m’aider…

   Par un chemin bordé de feuillus, qui n’est pas sans rappeler ceux que l’on rencontre lors de notre cheminement, c’est la montée vers la Grange de Mont, une ancienne ferme domaniale dépendant des seigneurs de la cité (rien à voir avec la ferme du même nom qui se trouve sur le site de la bataille de Waterloo). Édifiée à la fin du XIIIe siècle, elle fut abandonnée un siècle plus tard. Pourquoi ? On y faisait surtout un élevage d’ovins pour y récupérer de la laine. Et que dire de ce monticule accessible par un escalier de rondins. Pourquoi ? 

   Je continue ma marche dans des chemins boueux jusqu’au village de Charny. Le vent souffle et pique, et l’intérêt pour le lieu est plutôt moyen. C’est souvent ainsi sur les chemins, une alternance de belles et de moins belles choses. Dans le village, personne pour m’indiquer le chemin. Toutefois, à la sortie du village, un paysan descendit de son tracteur et me prévint : « Vous allez dans une mauvaise direction, me dit-il, c’est un chemin sans issue ».

Je le remercie. Il m’indique le chemin me ramenant dans le village. J’évite ainsi Thorey-sous-Charny et me dirige vers la Croix Saint-Thomas. Hélas, traversant une carrière, j’ai dû rater le chemin non marqué. Je me retrouve sur la route Charny à Mont-Saint-Jean. Maintenant, il pleut, et je vais même subir une courte, mais intense pluie de petits grêlons. On est au mois de mars.   

   De retour, en apercevant le magnifique château de loin, je ne peux que penser à ce qu’écrivait Raoul de Mont-Saint-Jean et Philippe Pot dans les Légendes bourguignonnes, récits historiques et légendaires datant de 1879 : « Bâti sur l'angle aigu et saillant d'une montagne, ce fier castel ressemble à un chevalier qui, ayant une main sur son épée et l'autre sur sa hache d'armes, est prêt au combat ».

   Je passe maintenant devant l'ancien Hôpital situé sur les hauteurs du village. Il fut fondé en 1188 et appartenait à l'ordre de Saint-Augustin. Au Moyen âge, c’était une Maison Dieu, un lieu de halte et de repos pour les pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Un vrai clin d’œil pour mon futur cheminement. Il fut cédé aux habitants de Mont-Saint-Jean et, au XVIIIe siècle, servit d'asile pour les pauvres qui vivaient de la charité publique. Composé de trois pièces, il ne reste aujourd'hui que la chapelle et la salle des pauvres. En rénovation lors de mon passage.

   De retour vers le château, je découvre ce caveau, véritable salle d’accueil située sous une petite place. Bref, même si le temps alterna vent, pluie, grêle et parfois un rayon de soleil, cette randonnée me permit de voir que le physique était au point et que ces lieux étaient chargés d’histoire. Un vrai plaisir.

   À suivre… Alain, Bourguignon la Passion.

 

[1] Dérivé du mot scandinave touer, le toueur est un bateau qui se hèle sur une chaîne qui repose au fond du canal. Il permettait le passage dans les endroits étroits où le tractage n'était pas possible faute de chemin de halage.

Tag(s) : #De Dijon 2013
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