Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Alain Lequien

   Depuis longtemps, j’avais envie de réaliser ce long pèlerinage comme le pèlerin d’antan. J’ignorais d’ailleurs si je serais « romier » pour aller vers Rome, ou « jacquet » vers Saint-Jacques de Compostelle. Mais ce pèlerinage, c'est comme pour donner une suite à ce périple de ces quelques mois de l’an 1965, à l’aube de mes 16 ans, avec mon ami Romem, « Rom ». Il devait nous mener pour travailler dans un kibboutz, lui par engagement religieux, moi le « goï » pour échapper à un quotidien qui s’insupportait. Le destin voulut que ce voyage soit interrompu dans une prison turque. Notre vie aurait été bouleversée. Mais point de regrets, si ce n’est d’avoir perdu la trace de cet ami d’enfance dont ses parents nous ont séparés. Il en est parfois ainsi des destinées qui s’entrecroisent.

   Ce sera donc Saint-Jacques de Compostelle, en hommage à mon Frère Jean Brun, qui en ces années 1986/1987, à « Gustave Mesureur », m’avait fait découvrir Saint-Jacques de la Boucherie. Il en était un ardent défenseur, et avait lutté pendant longtemps pour lui redonner force et vigueur. Il avait initié mes premiers pas à la recherche de la pierre philosophale où, derrière ces portes secrètes, l’alchimiste à l’instar de Nicolas Flamel, recherchait parfois la matière, parfois le sens de la vie. Emporté dans les souffrances de la gueuse, ayant rejoint l’Orient éternel, il avait alors semé en moi cette graine qui progressivement m’amena à la réflexion introspective. Où que tu sois Jean, je ne t’oublierais jamais. Comme je le dis parfois toujours avec émotion, le tombeau des morts réside dans le cœur des vivants.   

   Ainsi donc, je prépare ce pèlerinage, et je tiens à le vivre ainsi, dans une spiritualité laïque dégagée de tout dogmatisme. Je me veux être un esprit libre prêt à accueillir et à m’enrichir de toutes les différences, avec la tolérance, avec foi, charité et espérance dans un monde meilleur.

   Un pèlerinage, c’est vivre une expérience spirituelle permettant de réfléchir sereinement dans le silence du marcheur, juste couvert par le bruit des oiseaux, des animaux, c’est surtout le bruit des pas et du bourdon sur le sol qui rythme la marche. De temps à autre, un petit bonjour aux personnes croisées ou rencontrées sans véritablement s’étendre. Parfois un halte pour se reposer de la fatigue d’une montée un peu difficile et reprendre son souffle, ou pour prendre un peu d’eau pour se désaltérer. Le soir, parfois un échange avec d’autres pèlerins, ou avec notre hôtesse ou notre hôte, en partageant sur le sens donné à notre démarche. Et, s’il n’y a pas de gîte, ce qui sera vrai sur la première partie du chemin, le silence de la solitude sous la tente. En fait, je me suis aperçu qu'au fil du temps, j’étais devenu plus solitaire, m’ennuyant des choses qui passionnent de nombreux profanes. Si la vie m’a fait rencontrer des compagnons formidables avec qui je suis souvent en symbiose, cela n’a pas été toujours vrai. Mais c’est le long fleuve non tranquille de la vie.

   Près de mon départ terrestre, j’ai envie de m’éloigner du bruit assourdissant de la vie quotidienne, de ces petites phrases débiles des gamins de la télé-réalité, des politiciens promettant tout et son contraire, loin de « pisse-froids » qui vous plombent la vie, de ces orgueilleux qui croient tout savoir et vous écrasent de leurs fausses connaissances…

A suivre...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article