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Cheminements : Compostelle, Francigena, France

Cheminements : Compostelle, Francigena, France

2025 : voie Plantagenêts... *** 2021 : triple pontage, vertèbres cassées *** 2020 (1184 km) : Francigena (Calais-Aoste) *** 2019 (1 176 km) : Strasbourg-Dole (402 km), Lyon - Arles (via Rhodana) (355 km), Via Garonna (419 km) *** 2018 (1 961 km) : Voie Aurélia (Menton à Arles) (386 km, Caminho Portuguese (Lisbonne - Fatima - Fisterra) (790 km), Mont-St-Michel, Bordeaux (616 km), Genève Lyon (169 km) *** 2017 (1 700 km): Paris-Tours-Bordeaux (700 km), Sisteron-Arles-Montpellier-Carcassonne-Lourdes-Saint-Jean-Pied-de-Port (906 km) *** 2016 (1850 km) Ruta de la Plata (Cadix-Seville-Zamora), Camino Levante (Valence-Tolede-Avila-Zamora), Camino Senabres (Zamora, Santiago, Fisterra) *** 2015 (2 587 km) : Genève-Le Puy-en-Velay, La Régordane, voie d'Arles, Puenta-la-Reina, Camino Norte (San Sebastian - Oviedo), Camino Primitivo, Santiago, Caminho Portuguese (Lisbonne-Fatima-Pontevedra), Ruta Maritimo (Padron), Santiago *** 2014 (170 km) : Briançon, accident La Motte-du-Caire. ***2013 (2 223 km) : Dijon, Le Puy-en-Velay, Chemin du Puy, Camino Norte, Camino Primitivo, Fisterra, Muxia. *** 2012 (1850 km) : Voie de Vézelay, Camino Frances, Santiago, Fisterra.

Publié le par Alain Lequien
Publié dans : #De Dijon 2013

   Il y a quelques mois, un ami Jean-Claude R... (Qu’il en soit vivement remercié) m'a envoyé cet extrait du livre de Bernard Pivot[1] les mots de ma vie, un livre paru en 2011 qui m'a permis de réfléchir sur la vieillesse, cet état qui nous mène lentement mais sûrement vers l'Orient éternel.

   Comme le partage est au centre de mon univers personnel, et que chacun, en fonction de sa liberté individuelle, peut en prendre tout ou partie, je le soumets à votre sagacité.

   « Vieillir, c'est chiant. J'aurais pu dire : vieillir, c'est désolant, c'est insupportable, c'est douloureux, c'est horrible, c'est déprimant, c'est mortel. Mais j'ai préféré « chiant » parce que c'est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste.

   « Vieillir, c'est chiant parce qu'on ne sait pas quand ça a commencé et l'on sait encore moins quand ça finira.

   « Non, ce n'est pas vrai qu'on vieillit dès notre naissance.

   « On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant, on était bien dans sa peau.

   « On se sentait conquérant. Invulnérable. La vie devant soi.

   « Même à cinquante ans, c'était encore très bien.

   « Même à soixante. Si, si, je vous assure, j'étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.

   « Je le suis toujours, mais voilà, entretemps, j'ai vu dans le regard des jeunes, des hommes et des femmes dans la force de l'âge qu'ils ne me considéraient plus comme l’un des leurs, même apparenté, même à la marge.

   « J'ai lu dans leurs yeux qu'ils n'auraient plus jamais d'indulgence à mon égard. Qu'ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.

   « Sans m'en rendre compte, j'étais entré dans l'apartheid de l’âge. »

   « Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants. « Avec respect, En hommage respectueux, Avec mes sentiments très respectueux ».

   « Les salauds ! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant  leur stylo plein de respect ?

   « Les cons ! Et du « cher Monsieur Pivot » long et solennel comme une citation à l'ordre des « Arts et Lettres » qui vous fiche dix ans de plus !

   « Un jour, dans le métro, c'était la première fois, une jeune fille s'est levée pour me donner sa place. J’ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué.

   « Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée, J'ai pensé que... »

   « Moi aussitôt :

  

« Vous pensiez que… ? »

   « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. »

   « Parce que j'ai les cheveux blancs ? »

   « Non, ce n’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ça été un réflexe, je me suis levée. »

   « Je parais beaucoup, beaucoup plus âgé que vous ? »

   « Non, oui, enfin un peu, mais ce n'est pas une question d'âge. »

   « Une question de quoi, alors ? »

   « Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois. »

   « J'ai arrêté de la taquiner, je l'ai remerciée de son geste généreux et l'ai accompagnée à la station où elle descendait  pour lui offrir un verre. »

   « Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien. Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise.

   « Ni à l’amour, ni à la sexualité, ni aux rêves.

   « Rêver, c'est se souvenir tant qu'à faire, des heures exquises.

 

  « C'est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.

   « C'est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l'utopie.

   « La musique est un puissant excitant du rêve.

   « La musique est une drogue douce.

   « J'aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l’adagio du Concerto N° 23 en la majeur de Mozart, soit, du même, l’andante de son Concerto N° 21 en ut majeur, musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l'au-delà.

   « Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés, nous allons prendre notre temps.

   « Avec l'âge, le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.

   « Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années ? En mois ? En jours ?

   « Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.

   « Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.

   « Après nous, le déluge ? Non, Mozart... »

 

    À bientôt sur le Chemin. À suivre… Alain, Bourguignon la Passion.

 

[1] Bernard Pivot, les mots de ma vie, Albin Michel, 2011.

 

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