Étape 22b : Visite du monastere de San Juan de Poyo (Mosterio de San Xoán)
Ses richesses sont nombreuses, notamment la salle du chapitre où se trouve une exposition sur l’esclavage et la pauvreté. Frédéric l’a apprécié, elle lui parle en faisant appel aux origines antillaises de sa maman, ma tendre Pauline.
Fondé au 7e siècle par saint Fructueux, il fut abandonné par les moines bénédictins en 1835 lors de la loi sur l’expropriation des biens du clergé ou Desamortizació. Peu connue, cette pratique consistait à confisquer des biens après expropriation appartenant à des mains mortes, c’est-à-dire l’Église catholique (35 %), les ordres religieux (15 %) et certaines propriétés municipales (50 %).
Ancienne église du monastère de Poio, devenue église paroissiale.
Ces mains mortes ne pouvaient ni les vendre (étant acquises sous forme de dons ou par testament), ou pire, les exploitaient mal ou pas du tout. Cette loi permit de redistribuer des terres pour relancer l’agriculture du fait du manque de terres disponibles. Initiée en 1798, cette pratique s’est éteinte au 20e siècle.
Le monastère est de nouveau occupé par l’ordre de Notre-Dame-de-la-Merci en 1890. Cet ordre religieux catholique dit Mercédaires fut fondé à Barcelone en 1218 par le Français saint Pierre Nolasque pour racheter les chrétiens captifs des pirates maures réduits en esclavage. Il compte de nos jours 157 maisons réparties dans le monde, environ 700 religieux. À Poio, il y a sur place neuf religieux si j’ai bien compris.
Monastère de Poio, exposition d'oeuvres.
Le monastère possède de nombreuses richesses, notamment la grande mosaïque dénommée Claustro de los Naranjos décrivant les principales étapes du Chemin de Saint-Jacques traversées par les pèlerins venant de France et d’Espagne. Conçue par l’artiste tchèque Antonin Marek Machourek (1913-1991), elle fut réalisée par l’école de mosaïque du monastère entre 1989 et 1992. Amoureux de la culture universelle, l’artiste était en relation avec le monastère de Poio depuis les années 1950.
Monastère de Poio : quelques détails de la mosaïque d'Antoine Machourek.
Longue de quatre-vingts mètres sur deux mètres soixante de hauteur, elle est constituée de plus d’un million de tesselles (morceaux de marbre, de couleurs différentes). La finesse de l’œuvre est telle que chaque mètre carré est constitué de cinq mille tesselles.
On y retrouve Notre-Dame de Paris avec la Tour Saint-Jacques (voie de Tours), la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay (voie de Vézelay), Roncevales (Roncevaux), San Domingo de la Calzada et la légende du pendu-dépendu (Camino Frances), et bien entendu, la cathédrale de Santiago. Les pèlerins sont la plupart du temps des personnages historiques portant blasons. Une bonne orientation (Rosa de los vientos, la rose des vents), la faune, les signes du zodiaque permettent de nous guider vers la destination rêvée, Saint-Jacques-de-Compostelle, Santiago de Compostela. À ne pas manquer.
Son église de style Renaissance comprend des éléments baroques.
À suivre. Alain et Frédéric.