Étape 27 : Livinhac-le-Haut (12) à Figeac (46) – 25 km (698 km)

   7h00 du matin, l’heure du départ du pèlerin. Nous prenons la route pour notre prochaine étape, la cité de Figeac, celle de Champollion. Avant de partir, après un solide petit-déjeuner, la responsable nous présente une œuvre réalisée par un pèlerin qui lui en a fait cadeau à son retour de Compostelle. Un bien beau geste.

   C’est maintenant la reprise du Chemin que nous allons parcourir ensemble. En fait, Marta et Antoine habitent Figeac. Ils nous proposent de nous héberger pour la nuit et nous faire découvrir la ville.

Encore un geste de fraternité tel qu’il en existe sur le Chemin. Bien entendu, nous acceptons avec joie cet acte de générosité.  Ils doivent s’y reposer quelques jours avant de reprendre le Chemin pour Santiago puis Fatima où ils vont séjourner quelque temps.

   En passant une petite église qui ne payait pas de mine, nous découvrons une Pietà du XIIIe siècle d’une grande beauté.

Sur la place du village, nous rencontrons l’ancien curé au discours très intéressant, et un couple de nobliaux dont la conversation fut par contre lénifiante.

   On rencontre de tout sur le Chemin. De belles et de moins belles choses. Comme cet étrange ballet de vaches échappées certainement d’un enclos, tournant comme si elles étaient chez elles sur la pelouse bien taillée d’une maison particulière. Image étonnante, n’est-ce pas ?

   En gravissant une côte sur une route départementale, Antoine nous fait découvrir une Ode au Chemin rédigée par un auteur inconnu, plaquée sur un mur en partie cachée derrière des herbes hautes. Je vous en donne la teneur.

  « Pourquoi fais-tu ce long voyage ?

   « Randonneur, où t’en vas-tu ?

   « Ton sac à dos pour tout bagage.

   « Peut-être ne sais-tu pas

   « Qui te guide sur ce chemin ?

   « Il se peut que cela soit la Foi

   « Peut-être n’es-tu pas chrétien ?

   « Il y a déjà depuis plus de mille ans

   « Que la grande aventure est née.

   « Marcheur, tu es le descendant

   « Des hommes qui l’ont engendrée.

   « Tu vas traverser des régions

   « Des villes, des bourgs, des villages,

   « Les pierres te raconteront

   « L’histoire du pèlerinage.

    « Tu devras franchir des rivières,

   « Des montagnes, les Pyrénées,

   « Hier encore, c’était la frontière

   « Pendant des heures, tu vas monter.

   « Alors tu seras en Espagne

   « Sur le « Camino », tu souffriras,

   « Comme l’empereur Charlemagne,

   « Lui aussi, est allé là-bas.

   « Avec les Basques tu vas chanter

   « Tu boiras du vin de la Rioja

   « La Castille va te brûler

   « Et la Galice tu atteindras.

   « Et lorsque seul parmi d’autres

   « Tu apercevras au lointain

   « La cathédrale de l’apôtre

   « Tu n’oublieras plus le Chemin. »

   Bel ouvrage, beau chef d’œuvre, du travail bien fait et émouvant.

  Nous sommes arrivés chez Marta et Antoine qui nous hébergent dans leur ancienne maison. Après une douche bien fraiche, nous prenons la direction de Figeac que nos hôtes se proposent de nous faire découvrir. Je la connais déjà pour y être venu avec la famille en camping-car. Au détour d’une route, nous croisons Kamel, le pèlerin rencontré au Soulié deux jours auparavant. Il est complètement exténué. Encore un hasard ? Toujours est-il qu’Antoine se propose de l’emmener avec nous, et de l’accueillir aussi pour le soir même.

   Nous visitons Figeac avec Antoine et Marta. De nombreuses personnes viennent au-devant d’eux pour les embrasser, ce qui prouve à quel point ils sont estimés et aimés dans la cité. C’est une dont les richesses bien conservées ont été mises en valeur. Bravo, car ici rien ne semble surfait, tout apparaît d’un grand naturel. Au fond d’une impasse, c’est la Cour des Miracles remplie d’objets hétéroclites.

   Mais ce qui attire le plus les touristes, c’est tout ce qui concerne un enfant du pays, Jacques-Joseph Champollion, le célèbre déchiffreur des hiéroglyphes égyptiens. C’est ainsi que l’on voir de visu la reproduction de la pierre de Rosette posée à même le sol, au milieu d’un environnement architectural de qualité. Tout près, le musée moderne dénommé Les Écritures du Monde avec sa façade aux mille lettres, composée de pierre, de verre et de métal. Sans oublier la maison natale de Champollion qui fut un temps, le musée.

   Nous passons à la cathédrale qui, pendant de nombreux siècles, fut en concurrence avec la basilique de Conques. Elle apparaît plus grande, moins dépouillée. Il est vrai que leur destination est différente.

À Conques, les moines ne devaient pas être perturbés dans leurs prières, donc le minimum de décors. Par contre, à Figeac, l’église était à destination du peuple. Les vitraux, les peintures et autres ornements servaient de référence dans les prières. D’où un intérieur très riche et très coloré.

   Il faut maintenant retourner à la maison accueillante qui nous attend. Chacun d’entre nous met la main à la pâte pour préparer le repas du soir. Djam, qui fut notamment ancien maître d’hôtel, se met au fourneau pour nous préparer un rôti d’agneau. Plus simplement, Kamel et moi-même écossons les petits pois du jardin et préparons les légumes.

   Le repas fut festif, accompagné d’un vin de vingt-trois ans d’âge. Et, je n’oublie pas les autres dégustations.

   Il est 23h00 quand nous rejoignons nos matelas. Une très belle soirée sur le Chemin.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.