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Publié par Alain Lequien dit Bourguignon La Passion

   Il est maintenant 11h00. Il est temps de prendre le chemin vers Muxia en longeant de temps à autre la Côte de la Mort, la Costa da Morte en galicien. Elle tire son nom des nombreux naufrages qui eurent lieu du fait des conditions difficiles de navigation, mais peut-être aussi attirés par les feux de quelques pilleurs d’épaves.

    Il y a environ une trentaine de kilomètres à parcourir. Selon certains pèlerins, le trajet est assez simple et faisable dans la journée. Toutefois, du fait de mon heure de départ tardive, cela me parait peut-être difficile. Ce fut le cas. 

   Pourquoi Muxia ? Selon la tradition, une barque de pierre y amena la Vierge pour encourager l’apôtre Jacques le Majeur dans sa prédiction. Ce lieu porte d’ailleurs le nom de sanctuaire de la Virxe da Barca.  

  Pour rejoindre le chemin menant à Muxia, je dois retourner en arrière d’où je suis venu de Santiago. Ce n’est pas très pèlerin puisque généralement on regarde toujours devant et jamais en arrière ! Mais, comment chacun sait, « C’est avec les lumières du passé que l’on trace son avenir. » 

La sortie de la cité est assez confuse à cause de la présence de nombreuses traces jaunes contradictoires. Heureusement, un jeune pompiste voyant mon étonnement me remet sur la bonne route. Mon ange gardien du jour ! Le chemin débute par une montée assez raide. Je peux voir en surplomb, à quelques centaines de mètres de là, la plage par où nous sommes arrivés hier. Cela me pose question : Ne suis-je pas en train de retourner vers Cee par un autre itinéraire ?

  Le premier rendez-vous est aux ruines de San Martiño de Duio (Arriba).

Selon la tradition médiévale, c’est ici que vivait l’autorité romaine à qui les disciples de Saint-Jacques s'étaient adressés pour avoir l’autorisation d’enterrer les restes de l’apôtre à Compostelle.

   Le cheminement se poursuit par de petites routes tranquilles traversant des petits villages comme Vigo. Je croise quelques pèlerins faisant le chemin inverse, de Muxia vers Fisterra. Ils sont peu nombreux.  

   Le trajet passe dans un premier temps sur des routes goudronnées avec son lot de voitures, au milieu de champs de culture. Puis, ce sont parfois des chemins de terre. Je traverse de nouveaux hameaux et passe non loin d’O Bispo, Os Espinos, O Seixo…

   Étant près de la Costa da Morte, je m'autorise une pause un peu plus longue en allant m’allonger sur le sable après avoir pris un chemin sablonneux hors du Chemin. Il n’y a pas âme qui vive. Comme son nom l’indique, il est dangereux de s'y baigner, ce n'est pas grave, ce n'est pas mon truc. Je reste une bonne heure à me prélasser en slip de bain sur le sable chaud même si de temps à autre, le ciel se couvre de nuages.

   Bref, ce n’est pas ce soir que j'arriverais au refuge de Muxia. Cela n’a d'ailleurs aucune importance, il faut savoir prendre le temps et vivre l’instant présent. 

   Reprenant la route, je longe le chemin de la côte qui me fait contourner une large baie. Non loin de Lires (Santo Estevo), j'entr’aperçois une sympathique plage. Je me promets d’y revenir dès que j’aurais trouvé un lieu pour dormir ce soir. 22 kilomètres me suffisent pour la journée d’autant que je me suis couché ce matin après la queimada.

   Hélas, quand j’y reviendrai, il se mettra à pleuvoir ! Pas de chance, c’est la vie.

   Le village s’étage sur la côte. En le parcourant, je découvre la présence de nombreuses chambres d’hôtes et de maisons à louer. À l'évidence, cet endroit doit être couru par les touristes. On y pratique selon les documents la randonnée (je veux bien le croire), la plongée sous-marine, la planche à voile et la pêche.

   Je décide d’y rester et de dormir à l’hôtel du village qui a aménagé l’une de ces pièces avec des lits superposés pour recevoir les pèlerins. Alors que je m'y installe arrive un compagnon de voyage rencontré en coup de vent à Negreira. C’est un jeune d'une vingtaine d'années, un grand gaillard immense de près de deux mètres, pesant facilement 100/110 kilos. Il aime, me dit-il, avec passion les arts martiaux et la culture japonaise. Il porte cette passion avec ses cheveux longs et noirs descendant sur les épaules et un habillement hors du commun tout en noir, comme on peut les voir dans des mangas. Il est étonnant.

   Par contre, ce soir, il est complètement H.S. et malade. Comme il est particulièrement découragé, j’essaie de lui remonter le moral et lui donne un sédatif. Cela va un peu mieux, mais il souffre beaucoup des pieds et des jambes. Avant que je ne sorte, il s’est endormi. Il va pouvoir se reposer.   

   Me promenant dans le village (je n’ai pas fait assez de kilomètres aujourd’hui ?), je tombe sur Miguel, un pèlerin rencontré à plusieurs reprises notamment à Bilbao et avant Melide. La dernière fois que nous nous sommes parlé, c'était près de Negreira. Il était sur le point d'abandonner. Pourtant, cet homme d'une trentaine d'années est un sportif accompli.

Comme quoi, le chemin est dur physiquement, surtout en cette fin de parcours. Ce soir, il a retrouvé du pep et a l’air de se trouver en pleine forme.  Nous en avons profité pour parler dans notre anglais approximatif du bon vieux temps (si l’on peut dire !) devant une cerveza bien fraiche.

   Après le repas classique du pèlerin, j'ai pris un grand plaisir à voir s’entrainer sur la place un groupe folklorique local en habits de tous les jours. Le son de la cornemuse trotte encore dans ma tête. Avant d'aller dormir d'un sommeil réparateur, alors que le temps s’est fortement rafraichi, j’admire le soleil couchant descendant derrière le toit de quelques maisons nous rappelant qu'il est bienfaisant.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

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