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Publié par Alain Lequien

   Après une interruption due au départ pour l’Orient éternel de notre patriarche (97 ans) auquel nous avons rendu les derniers devoirs, reprise de mon entrainement pour Santiago, car la date prévue pour début juin arrive maintenant à grands pas.

   Le temps est agréable même si la température est relativement basse et le ciel couvert. Direction Montoillot, à la croisée des chemins des châteaux de Loiserolle, Châteauneuf-en-Auxois et Commarin que je vais croiser. Une balade d’une vingtaine de kilomètres débutée à 13h00.

   Après avoir marché sur une longue montée, j’atteins la forêt. À une centaine de mètres de moi, je vois s’éloigner à toute vitesse une harde de biches. Je n’ai pas le temps de prendre l’appareil photo. À la sortie du chemin, j’arrive à une petite route goudronnée qui mène tout droit au château privé de Loiserolle situé sur la commune de la Bussière-sur-Ouche.  C’est ici que fut construite initialement une abbaye en 1131. Détruite par un incendie, les moines décidèrent de s’installer à La Bussière[1] en 1172. En 1976, Bernard Blier y tourna Calmos avec Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort…

   Retour en arrière pour prendre la direction de Châteauneuf-en-Auxois.

   Après la petite route, je prends l’ancienne voie romaine, un peu boueuse. En route, je découvre des bûcherons en train de couper du bois de chauffage. Je fais la connaissance de Christophe, le gardien du Réservoir du Panthier. Nous discutons sur le bois, la nécessité de le faire sécher au moins une année… Nous prenons contact pour nous revoir ultérieurement pour une visite éventuelle des boyaux d’alimentation des réservoirs de Côte-d’Or.

   Non loin de Châteauneuf, je découvre les ruines de l’ermitage de Saint-Julien.  Situé au lieu-dit Les grands bois, malgré son état, on s’aperçoit rapidement qu’il devait être imposant. Il fut fondé en 1301 par les seigneurs de Châteauneuf, et son but était d’accueillir et de soigner des lépreux considérés comme des pestiférés. Un trou donne accès aux caves. Y a-t-il un trésor ?

   Arrivée à Châteauneuf, village classé parmi les plus beaux de France. C’est un endroit que je connais bien puisque j’y ai dédicacé des ouvrages et raconté des légendes, habillé en moine lors de la Fête médiévale bisannuelle. Déambulant dans les rues, je découvre un grand ours de bois.

 

  Et bien entendu, visite rapide du château datant du XIIe siècle. La dernière héritière des Châteauneuf, Catherine, ayant été exécutée en 1456 pour le meurtre de son mari, la seigneurie fut confisquée par le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Il en fit don à son conseiller Philippe Pot. Celui-ci lança une grande campagne de construction : la chapelle  consacrée en 1481, dédiée à Notre-Dame et Saint-Jean,  et l'édification du « grand logis » qui lui est adossé qui entraîna un remaniement de la courtine et de la tour sud-ouest. Un second logis dit « de Philippe Pot » vint compléter l'ensemble. De cette époque semble dater aussi l'ouverture, dans la courtine sud-est, d'une porte avec pont-levis. Donné à l'État en 1936 par Georges de Voguë, il a fait l'objet de nombreux travaux au XXe siècle.   

   Au-dessus d’une porte, un écusson comporte trois coquilles. Il est vrai que Châteauneuf-en-Auxois était une étape sur l’un des nombreux chemins de Saint-Jacques de Compostelle. De la Croix, on peut apercevoir une vue magnifique sur la vallée. C’est aussi un temps d’échanges sur la beauté des lieux avec Clauss, un jeune cycliste allemand.

   Retour en arrière. Après l’ermitage déjà cité, je prends le sentier descendant vers Panthier. Par moment, le chemin disparait, sans marques. Ce qui m’oblige à traverser un champ en passant par-dessus le fil barbelé. J’arrive le long du réservoir que je longe en direction de Commarin. Sur le bord de l’eau, où s’ébrouent quelques canards bruyants, quelques maisons de vacance en piteux état. Quand le calme revient, j’entends le clapotis de l’eau qui vient, par petites vagues animées par le vent, se frotter aux pierres du rivage.

   Je remonte la rigole d’alimentation du réservoir jusqu’au pont de Ratelain après avoir salué des paysans en train de couper un arbre et me dirige vers Commarin.

   Je passe devant la maison d’Henri Vincenot[2], le chantre bourguignon. J’ai eu cette chance d’échanger avec lui de choses et d’autres pendant deux heures, dans sa cuisine, autour d’un verre (en pyrex) de café grâce à l’amitié d’un enfant du pays. Si aujourd’hui je me suis mis à l’écriture, c’est en grande partie dû à cet homme généreux. Merci, Henri, où que tu sois. 

   Le château de Commarin, classé monument historique en 1949, est habité depuis ses débuts par la même famille. Ses occupants actuels, le comte et la comtesse Bertrand de Voguë représentent la vingt-sixième génération de propriétaires. 

   De nouveau, retour en arrière pour reprendre le chemin de la rigole qui m’amène à un pont à trois niveaux. Après cinq heures de marche et de visites, j’arrive à Montoillot où je découvre qu’un éleveur a obtenu des médailles pour son activité. Si le temps fut frais, ce cheminement m’a permis de réfléchir à de multiples choses. Comme il se doit…

   À suivre… Alain, Bourguignon la Passion.

 

[1] Vendue par l’archevêché de Dijon en 2005, l’abbaye de La Bussière est aujourd’hui un Relais-Châteaux étoilé Michelin. Dans Les Etoiles de Compostelle, Henri Vincenot en décrit l’édification avec Jehan le Tonnerre. 

[2] Henri Vincenot, Les Etoiles de Compostelle, Gallimard, 1987.

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