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Publié par Alain Lequien

   Volontairement, je me suis levé vers 6h00 pour proposer à Christian de partager le café du petit-déjeuner. Mais, l’oiseau s’était déjà envolé. Bon vent alors, je le boirais seul.

   Vers 7h00, départ de l’étape de la journée sous un soleil radieux. Direction Renaison, situé à trois kilomètres avec la traversée de vignobles. Nous sommes ici dans le Roannais, dons je contourne la capitale par l’ouest depuis quelques jours. Ici, tout paraît plus simple : pas de machines, pas de dizaines d’ouvriers pour s’occuper des ceps. Et voilà qu’il me prend de prendre en photo mon ombre sur le terrain, une ombre indéfinissable qui je l’espère, n’est pas la partie noire de mon être.

   Le temps est déjà chaud même si l’on perçoit de temps à autre quelques bourrasques légères de vent. La route est tranquille, serpentant au milieu de vignes et champs de culture. Parfois apparaît une ferme avec quelques bovins. Il n’est pas rare de voir un paysan sur son tracteur faire un signe amical.

   En traversant Saint-André d’Apchon, je suis étonné de découvrir un petit village bien propret. C’est la rentrée de l’école. De nombreux parents amènent leurs enfants par la main. Quelques bonjours, sans plus. Pendant que je chemine, les usages du monde continuent comme si de rien n’était. C’est normal, chacun vaque à ses occupations.

   À Saint-Alban-les-Eaux, je perds la trace de saint Jacques. J’ai envie de boire un café, mais le lieu visé ne me paraît pas sympathique. Je suis souvent sur le ressenti. J’ai parfois tort, parfois raison. Une dame m’indique le chemin en passant devant le monument aux morts particulièrement coloré.

   Montée vers Chazelles. Après le château de briques rouges, je passe devant un étang, véritable havre de paix et de fraicheur. J’entends les crapauds croasser (j’espère que c’est le bon terme), ce doit être la saison des amours, pendant que des canards s’y promènent loin des soucis du monde.

   De nouvelles montées, de nouveaux chemins de terre, de nouveaux chemins herbeux me font traverser des champs où paissent des chevaux. Cela semble être la spécialité puisque je les compte par dizaines sur plusieurs kilomètres. De nouveau un château où la propriétaire à mon arrivée ferme les portes. Hasard ou peur de l’inconnu ? Sur le Chemin, on est parfois à fleur de peau. Trop, peut-être ?

   Détour vers Lentigny en traversant une route que je retraverserai plus tard. Est-ce bien utile ? De toute façon, je profite de l’occasion pour boire mon café allongé accompagné d’un verre d’eau glacé. Le patron me l’apporte en terrasse alors qu’une cliente vient me faire deux bises.

   « Je vous connais », me dit-elle. Honnêtement moi pas, mais je joue le jeu par questions/réponses. Son homme apprécie modérément. J’entends aussi les commentaires dans le café. L’un d’eux va même dire : « En v’là encore un qui a perdu son permis ! » Amusant !

   Direction Saint-Jean-Saint-Maurice-sur-Loire. Midi sonne. Entre ces deux communes rattachées, on surplombe une magnifique retenue d’eau, au bleu se détachant sous le soleil. Un vrai petit lac. Le sentier chemine à flanc de coteau et me fait penser à Mandrin et à ses mulets transportant la marchandise proscrite. C’était un autre temps.

 

  J’arrive à Saint-Maurice, un petit village bijou situé en hauteur. Vraiment, cette région est très belle et très riche en sites médiévaux. Dans l’église, une magnifique fresque de monsieur Jacques est en bordure d’une fenêtre, éclairée par le soleil. Et puis, une grande fresque  du chœur datant du XIIIe siècle. Le tout m’envahit d’émotion tant c’est sublime.

   Mais, il faut repartir. Sur les bords de la retenue, j’ai la surprise de tomber sur Christian, le grand marcheur. « Tu es déjà là, tu as bien marché » me dit-il en m’accueillant. Il est allongé sur le sol et semble souffrir d’ampoules au pied. Je m’assois non loin de lui et nous discutons de choses et d’autres sans grand intérêt. Dix minutes plus tard, il remballe ses affaires et reprend la route en me disant « À Santiago ! » C’est ça, c’est ça, il se fout de moi ou quoi ?

   Je reste pour pianoter sur mon ordinateur. Il fait très chaud, et le cagnard, j’ai appris à le laisser aux autres. Ici, il fait frais. J’entends la rivière couler à quelques pas. En partant, je vais y tremper ma casquette. C’est une pratique que j’aime bien, car elle permet à la tête de ne pas trop chauffer.

   En appelant un accueil pèlerin, je me fais rembarrer. « Vous auriez dû appeler hier pour me prévenir ». J’explique que je préfère prévenir lorsque je suis sûr de venir. On me raccroche au nez. Sympa ! D’autres numéros tombent dans le vide. Les accueils sont peu cools ici.

   Une heure plus tard, je reprends la route. Montées, descentes, le lot habituel. En passant, une étonnante toilette de pèlerin mise en place par un paysan soucieux du bien-être des passants. D’un seul coup, alors que j’effectuais une montée en forêt, le ciel s’assombrit, un gros orage me surprend. De grosses gouttes m’obligent à m’arrêter pour protéger mon sac et mettre le k-way. C’est ainsi vêtu que j’arrive à Amions, une petite commune de trois cents habitants. Une habitante, madame Marchas, m’accueille dans son gîte. Tout en déplorant que je sois seul.

Voyant que j’ai peu de quoi manger, elle m’apporte une casserole de la soupe paysanne qu’elle était en train de cuire. C’est bien chaud et cela me fait beaucoup de bien. Sans oublier la baguette, le beurre et la confiture pour le lendemain. Crevé, j’ai parcouru quand même trente-trois kilomètres aujourd’hui, je vais me coucher tôt.   

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.   

 

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