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Publié par Alain Lequien

   Il est 8h30 lorsque je quitte la maison de Sonie et Daniel pour reprendre la route après un solide petit-déjeuner. J’ai très bien dormi, étant réveillé par un chat noir ronronnant sur le lit. Non, mes amis, ce n’est pas un mauvais présage. Daniel m’a préparé un sandwich au fromage comme provision de routes. Les gestes simples sont ceux qui nous font prendre conscience que le monde est plein d’amour désintéressé, si l'on y prête attention.

  C’est sous le soleil que j’entame mon parcours vers la sortie de Nuits, puis en gravissant la côte qui me mène aux carrières souterraines. J‘apprends sur une plaque que ce gisement fut exploité dès l’époque gallo-romaine, notamment sur le site important des Bollards. Les moines y puisèrent des matériaux pour construire abbayes et églises. 

C’est la traversée des vignes de la Côte-de-Nuits. Déjà, de nombreux ouvriers s’y affairent pour profiter du beau temps. Certains sont sur leurs tracteurs hauts perchés pour retourner la terre entre les rangs de ceps. D’autres attachent les bourgeons sur le long fil de fer pour diriger harmonieusement leur pousse. D’autres encore pulvérisent les vignes dans le but de détruire les insectes et autres animaux destructeurs. Une grosse activité.

   M’arrêtant près d’un petit groupe, l’un d’eux déplore le retard de la pousse de trois semaines. « Mais, dit-il, si le temps demeure comme cela, on peut rattraper le retard ». Il était très optimiste, tout en me disant que le vent du nord… Bref, vous l’avez compris, il me dit beaucoup de choses certainement très intéressantes, mais j’avoue mon incompétence.

Par contre, ce que je ressens, c’est l’amour de leur métier et leur passion pour la vigne. L’un d’eux, un Portugais, me demanda de prier pour lui à Saint-Jacques. Je note son prénom, Aquilino. Je le ferai pour tous ceux qui me le demandent sur le Chemin.

   Dans cette partie de la Côte, la pierre cohabite avec les vignes. Je peux ainsi voir les grottes utilisées par les viticulteurs de l’ancien temps pour s’abriter, ou abriter leur matériel, à l’image des cabotes.

   Je poursuis mon chemin sur les hauteurs, surplombant à quelques centaines de mètres de là l’ancienne route nationale 74 traversant les villages de détachant comme dans un écrin. Mon esprit aujourd’hui est plus tourné vers la contemplation de la nature que dans l’introspection. Il faut du temps pour passer d’un état à l’autre, pour se détacher. Mes douleurs à l’épaule me reprennent, une ampoule apparaît malgré le port des sandales. La réalité du physique reprend le dessus.

   Vers Comblanchien, je découvre des constructions vétustes réalisées de bric et de broc en bois. Cela doit être le lieu de rencontre d’un club de tir, car un peu plus loin, j’aperçois des cibles. Arbalète ? Fusil ? Révolver ? Je me dis que ferait un bel abri en cas de pluie ou de gîte pour la nuit.

   Je poursuis par la traversée d’une forêt après m’être égaré à cause d’un fléchage défaillant. Une marque a dû être retirée. Ce n’est pas grave, cela fait partie de la vie. Souvent, sur le Chemin, on ne revient en arrière qu’après avoir atteint le but… sauf bien sûr si l'on s’est égaré longuement. Aujourd’hui, un ou deux kilomètres de plus.

   Arrivée à Aloxe-Corton, passant près des vignes du Corton-Charlemagne. Elles m’apparaissent peu entretenues. Certainement une question de temps avec les périodes de pluies que nous avons subies. Devant, c’est l’arrivée au Château André avec ses tuiles vernissées. Rencontre d’un couple d’Anglais, qui a fait le Chemin… en camping-car. L’idée est là.

  

Je traverse rapidement Beaune que je connais bien pour y avoir habité dix-huit mois, et prends la direction de Pommard par la véloroute menant à Santenay. Toujours ces belles vignes, mais cette fois-ci, dans la Côte-de-Beaune. J’ai hâte d’arriver, car la chaleur est intense malgré le temps venteux. Et j’ai mal aux pieds... C’est normal, mais bon… L’arrivée s’effectue au milieu de hauts murs.

C'est dangereux pour le piéton si un automobiliste arrive rapidement. Traversée du village de Volnay dont les rues sont en travaux. J’arrive à Meursault lessivé. Un petit tour à l’Office du tourisme (pour le tampon de la crédentiale). En sortant, je tombe nez à nez avec mon hôte du jour, Georges B. qui m’accueille généreusement. Après une bonne bière réparatrice sur une terrasse, nous rejoignons son domicile.

Comme la veille, la soirée se déroula amicalement avec des échanges intéressants et instructifs. J’aime ces moments où chacun enrichit et s’enrichit de l’autre. Comme nous sommes en Bourgogne, nous avons partagé un Saint-Aubin 1er cru. Oui, oui, ce n’est toujours pas raisonnable, mais bon… demain, je marche. À chaque jour ses joies et sa peine. Comme hier soir, je remets à Georges mon ouvrage. Toujours dans l’esprit du partage. Et, huit cents grammes de moins à porter. 

   Ah ! Au fait, naturellement, je ne l’ai pas encore dit, mais j’ai très souvent le soir Pauline, ma puce, l’amour de ma vie, au téléphone pour échanger sur les nouvelles du jour. C’est souvent rapide, je ne veux pas l’inquiéter, mais revigorant pour le moral.

   À demain. Alain, Bourguignon la Passion.

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