Hospitalier au Puy-en-Velay du 21 au 31 mai 2015 – Le partage
Dans l’article précédent, je vous ai décrit le travail réalisé par les hospitaliers. Mais, ce qui me semble le plus important dans cette mise à disposition, ce sont les rencontres et les échanges.
Tout d’abord ceux avec mes collègues Carmen et Dominique, auxquels il faut ajouter Alban et Hélène (représentants de la fédération des associations jacquaires) qui ont pris leur part dans la bonne ambiance qui régnait entre nous. Nous ne nous connaissions pas lors de notre arrivée. Et rapidement, nous avons compris que nous étions en pleine harmonie sur l’essentiel : apporter un réconfort à ceux qui nous ont fait l’honneur de venir se reposer dans notre Relais de saint Jacques.
Nous étions donc très différents. Cela ne nous a pas empêché de travailler ensemble pour un projet commun, de faire un pas vers l'autre. Dominique a eu l’idée de la soupe à partager entre tous, Carmen celle de la réaliser avec talent, à l’espagnole, avec des légumes frais pris chaque matin. Votre serviteur, maladroit de ses mains, était plutôt dans l'animation. Chacun des talents différents. C'est ce qui enrichit. Tous ont apporté leur contribution pour éplucher, râper, couper oignons, pommes de terre, carottes, céleri, poireau… selon l’humeur du jour. Son succès fut grand comme on peut le lire sur le visage des bénéficiaires. Un pèlerin la désigna comme " soupe comme 3 étoiles". Autres apports : le pain grillé du matin de Dominique, le pot d’accueil personnalisé, le lavage des vêtements pour ceux qui viennent de loin…
Rencontre aussi avec plus de 160 pèlerins tous différents les uns des autres. Du Taïwanais aux Norvégiennes, des Danoises aux Anglais, des Autrichiens aux nombreux Suisses francophones ou alémaniques, de l’Italien à l’Espagnol, du Belge à l’Autrichien, des nombreux Français de Rhône-Alpes, de Paris, Nice, Strasbourg, Mâcon, Nantes, Bordeaux, de la Drôme, du Mans… et j’en oublie. La majorité marchent à pied, certains sont vetetistes. Comme cet homme de 72 ans venu de Strasbourg en faisan des étapes de plus de 100 km. Une folie ! A son arrivée, il était tout pâle, et nous a inquiété. Nous lui avons conseillé de rester une journée de plus. il l'a accepté...
Des caractères très divers... Des sympas et ouverts, des « je sais-tout », des inquiets pour leur premier départ, mais majoritairement ils étaient motivés par le cheminement qu’ils allaient entreprendre. Ce sont aussi les confidences de ceux qui sont en peine. Un tel est en deuil ayant perdu son épouse depuis peu. Une jeune Suissesse rencontrée entre Genève et le Puy me confie l’agression qu’elle a subie. Un autre semble complétement perdu dans un monde qu’il ne comprend pas. Beaucoup sont en recherche d’un autre ailleurs comme pour renouveler le sens de leurs vies. Et puis, ce « compagnon de la route » allemand, complétement démuni, qui a sauté sur le morceau de pain offert. Il n’avait plus toute sa tête, mais c’est un être humain en dérive. En fait, il faut être un peu psy, beaucoup écouter, se montrer disponible...
Le soir, en mangeant la soupe, nous répétons la fameuse chanson Ultreïa dans une ambiance potache. Quand chacun n’y met pas du sien, votre serviteur fait reprendre en chœur le chant. Le matin, avant la messe, chacun la chante de bon cœur.
Puis, c’est la séparation du matin. Certains ont les larmes aux yeux comme ce grand bonhomme de 60 ans, de plus de 1,90 m qui rêvait depuis 15 ans de faire le chemin de Compostelle. En partant, il avait les larmes aux yeux. Comme cette allemande pleurant à chaudes larmes que Carmen dut consoler car elle rentrait chez elle. Et oui mes amis, que d’émotions, que de richesses…
En 11 jours, j’ai beaucoup appris sur la sensibilité, l’humilité de ceux qui à l’évidence avaient besoin tout simplement d’un amour fraternel d’une grande simplicité.
Je les remercie de m'avoir enrichi de leur simplicité, de leur humilité comme le furent aussi Carmen, Dominique, Alban, Hélène. Ce fut un grand moment avant de reprendre mon cheminement vers Santiago et Fatima.
Alain dit Bourguignon la Passion