Etape 66 – Cobreces - Comillas - San Vincente de la Barquera : 35 km (1678 km)
Après le petit déjeuner, je prends la route vers ma nouvelle destination. Le temps est frais, le ciel couvert ce qui ne présage rien de bon. En passant devant le camping, je me remémore mon passage en ces lieux il y a deux ans. Je pense alors aux jeunes compagnes et compagnons de route d’alors qui formaient une bande sympathique. Aujourd’hui, il en est différemment puisque je suis seul. Je décide de prendre mon temps puisque je connais bien le chemin à prendre.
Je repasse donc à Arroyo, puis avant d’entrer dans le petit village d’Orena, je redécouvre ces étranges tours qui s’alignent dans les champs. Je suppose, bien que je n’en ai pas la certitude, qu’il s’agit de tours de stockage pour le foin étant donné leurs emplacements. Le village est désert. Comme il pleuviote, je remets le k-way et couvre mon sac.
A quelques encablures de là, perché et isolé sur son tertre, je redécouvre l’ermita San Pedro qui se détache dans toute sa grandeur. Comme ce fut déjà le cas, il n’y a pas la possibilité de le visiter malgré la présence d’une dame patronnesse venue du village voisin. A Caborredondo, il se remet à pleuvoir. Je constate qu’il en est de même avec une mignonne petite église romane.
Je continue donc vers Cigüenza. Dans ce village, les habitants d’une maison particulière proposaient du café, de la pâtisserie et des boissons aux pèlerins. Si la grande porte donnant accès à la cour est ouverte, il n’y a personne.
Je passe rapidement devant l’église particulièrement imposante et inachevée pour un si petit village. Sa construction serait due à la folie des grandeurs d'un colon désireux de revenir au pays voulant copier l'église de las Capuchinas de Lima (Pérou). Il envoya des plans et finança la construction. Il mourut avant de revenir à son village et ne vit jamais la construction terminée.
J’entame maintenant le chemin vers Cobreces et son abbaye cistercienne de Santa Maria de Villacelis. A l’entrée du village, il est proposé deux routes. Je choisis celui que je n’avais pas effectué, considéré comme le chemin historique. En route, je m’arrête une demi-heure dans un café qui, bientôt, se remplit de nombreux pèlerins. D’où sortent-ils, je ne les ai pas vus sur le Chemin ? C’est l’occasion de croiser un Français de Tours dont je vais bientôt perdre la trace. J’arrive enfin à l’abbaye et à son église San Pedro Advincula dont on peut admirer les couleurs pastel. Comme les locaux abritent une albergue, je vois plusieurs personnes s’y diriger pour y faire halte.
Alors que je cherche le Chemin du fait d’un mauvais fléchage, voilà que je retrouve Hélène et André rencontrés hier matin. Nous décidons de faire route commune. Montées, descentes, chemins de terres, asphalte, les kilomètres s’enchainent et les villages et hameaux aussi comme Venta de Tramalon, La Iglesia, Pando, Conchas. Parfois, on fait des découvertes étonnantes comme cette fresque murale d’une grande beauté pour les yeux.
C’est maintenant l’arrivée à Comillas, une cité rendue célèbre par une légende jacquaire. Un cavalier suivait le corps de saint Jacques que ses disciples ramenaient de Jérusalem. Voulant franchir le bras de mer qui pénétrait dans l’intérieur des terres, il ne trouva pas de passage. Il pénétra toutefois dans l’eau et ressortit de l’autre côté indemne. Son corps, et celui de son cheval, étaient recouverts de coquilles (de saint Jacques, bien sûr).
Il nous reste une douzaine de kilomètres à parcourir pour parvenir à San Vicente de la Barquera, le terme de notre étape. C’est ainsi que nous passons à El Tejo, traversons le golf de Santa Marina et pénétrons à San Vicente par le long pont de La Maza avec ses 28 arcs, érigé au XVIe siècle sur ordre des Rois Catholiques. Etant donné l’heure tardive, il ne faut pas espérer trouver un abri à l’albergue El Galeon où j’avais fait halte en 2013. Nous cherchons donc une pension que nous trouvons assez facilement pour un prix raisonnable.
La cité touristique est assez animée et l’on peut assister à un petit spectacle de rue.
Ancien repaire de pêcheurs, San Vicente de la Barquera est l’une des cités les plus pittoresques de la corniche cantabrique. Au loin, quand le temps le permet, on peut apercevoir les sommets des Picos de Europa. Si le nom de la cité est San Vicente (du nom de l’estuaire), c’est la Vierge vénérée par les pêcheurs qui ici est mise en exergue. C’est la raison de l’imposante église Santa Maria de los Angeles bâtie entre les XIIIe et XVIe siècles que j’ai visitée l’an dernier. J’en garde un très bon souvenir.
Nous profitons du lieu pour manger ce soir-là du poisson puisque les pêcheurs sont nombreux. Si le plat typique est le « sorropotún » ou « marmita barquereña », un ragoût à base de thon et pommes de terre, nous nous conterons d’un simple poisson.
Après cette longue étape, le repos est le bienvenu. Nous sombrons rapidement dans les bras de Morphée dans la chambre louée à la pension.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.