Etape 93 (2015) – Sermonde - Perosinho – Vila de Pedroso – Laborim – Vila Nova de Gaia - Porto: 17 km (2 332 km)
Lorsque je me lève, Claudio est en train de partir. Nous nous faisons l’accolade traditionnelle. Je prends tranquillement mon petit-déjeuner en trainant un peu. Ce matin, je suis en forme même si mon genou me lance un peu. Par sécurité, je me fais un bandage.
J’entame la route pour me rendre à Porto pour cette petite étape. Je repasse devant le monastère et son parc bien calme à cette heure-là. Première localité rencontrée, Sermonde qui me laisse peu de souvenirs, puis Perosinho. C’est ici que je croise deux pèlerins portugais arrivant à grands pas.
Nous entamons la conversation en anglais. Ils se rendent à Fatima.et me demandent où se trouve le prochain refuge car ils ont marché de nuit depuis Porto. Je leur indique. Chacun repart de son côté.
Je ne peux m’empêcher de penser que le fait de marcher de nuit doit être bien utile pour bénéficier d’une température clémente – bien que… - mais cela ne doit pas être aisé de repérer le marquage du Chemin. Sans oublier que l’on ne bénéficie pas du paysage. Il est vrai que plus on s’approche de la grande ville de Porto, le paysage doit faire place aux localités.
Ayant traversé le village, j’entame maintenant une montée en forêt en suivant une route pavée. Puis, c’est un chemin forestier très agréable à cette heure-là. Je suis simplement doublé par deux vététistes, un père et son fils semble-t-il. Ce dernier semble avoir souffert dans la montée comme l’indique son souffle rapide. Ils s’arrêtent et me font un petit signe.
La sortie de la forêt me fait arriver à Vila de Pedroso. C’est le retour à la civilisation. Laborim, Vila Nova de Gaia où je me restaure. Puis, c’est l’arrivée à Porto, la cité qui a donné son nom au Portugal et à l’apéritif bien connu.
Je me dirige vers la cathédrale, la Sé, hélas fermée. On est pourtant dimanche. Etonnant.
Autrefois, les deux cités de Gaia (Cale) et de Porto (Portus) étaient associées au point de les lier pour les désigner sous le nom de Portucalia. La lutte entre les cités de Lisbonne et de Porto reste épique, l’une voulant prendre le pas sur l’autre. Mais c’est ainsi au Portugal, peut-être ne connaissez-vous pas cet adage : « Pendant que Lisbonne se fait belle, Coimbra étudie, Braga prie et Porto travaille ».
Un petit mot sur le célèbre porto que l’on déguste souvent en apéritif. Il est élevé à partir de raisin issu de la vallée du Douro. Il est né de l’histoire, lorsqu’au 17e siècle, à la suite des conflits de l’Angleterre avec la France, les Anglais sont privés des vins de Bordeaux. Le vin cultivé ne pouvant pas voyager contrairement à celui de Bordeaux, les négociants eurent l’idée d’y ajouter de l’eau de vie pour arrêter sa fermentation. D’où, le résultat actuel.
En chemin, j’assiste à un défilé de pompiers, notamment de quelques-uns en herbe. Les pompiers, les bombeiros, sont très importants au Portugal. En effet, avec la sécheresse estivale, des essences comme l’eucalyptus très sensibles au feu, les forêts sont très vulnérables aux incendies. Les grands incendies de 2003 et 2005, détruisant plusieurs centaines de milliers d’hectares, sont encore dans la mémoire collective. Ils sont donc d’une importance vitale pour le pays. Chapeaux bas à ces bombeiros.
Je me suis baladé en ville, mais il faudrait y passer plusieurs jours pour tout découvrir, surtout en jour de semaine. Mais la ville, vous l’avez compris, c’est très peu pour moi. Je rejoins donc un hôtel économique sur le chemin de Braga. Ce ne fut pas une journée éprouvante. Tout va bien. Le moral est bon, il me reste 250 km à parcourir.
A suivre. Alain dit Bourguignon la Passion.