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Publié par Alain Lequien dit Bourguignon La Passion

Après le petit-déjeuner, c’est le départ pour Brignoles, le terme de mon étape du jour. Pierre-Marie, qui me fit l’honneur de marcher en ma compagnie lors de la deuxième étape, m’avait communiqué une bonne adresse, celle d’un ancien viticulteur par ailleurs maire de La Celle. Celui-ci viendra me chercher à l’Office de tourisme de Brignoles, car son domaine se situe hors du chemin de Compostelle. 

Je pars gentiment même si je suis en forme. Il ne pleut pas ce qui n’empêche pas les chemins d’être humides avec celle des derniers jours.

À la sortie du village, la reconstitution de la sortie d’une mine avec la présence d’un ancien wagonnet. La région fut le principal gisement de bauxite français, si ce n’est mondial. Les Gueules rouges comme on les appelait, en ont extrait jusqu’à mille tonnes par jour de la fin du XIXe siècle à 1989. Souvent dès l’âge de quatorze ans, ils travaillaient vingt-quatre heures par jour en trois équipes. Un autre monde de la condition ouvrière.

Je parcours les premiers kilomètres au travers la forêt dans la succession de montées et descentes de ce terrain vallonné. J’arrive à l’abbaye du Thoronet. Il n’est pas encore l’heure de l’ouverture. Devant les grilles commencent à s’accumuler des groupes de collégiens venus en bus. Ils ne sont pas loin d’une centaine répartis en groupe.

Enfin, je peux accéder à la bibliothèque où l’on me tamponne ma crédentiale. Le tarif élevé de la visite, le fait qu’il faut que je déballe devant un agent peu aimable mon sac devant tout le monde (je sais mes amis, la sécurité…) sont des répulsifs pour que je visite cette abbaye cistercienne. Ce n’est pas bien grave.

L'abbaye du Thoronet fut fondée en 1136 par un groupe de moines venus de Mazan en Ardèche. Elle est, avec Silvacane et Sénanque, l'une des trois abbayes cisterciennes de Provence. Le Corbusier en la visitant en 1953 eut ces mots : « À l'heure du béton brut, bénie, bienvenue et saluée soit, au cours de la route, une telle admirable rencontre. »

Son déclin se fit au bout de deux siècles. Rénovée grâce à l’intervention de Prosper Mérimée, elle se dégrada de nouveau par la proximité des mines de bauxite. Elle fut restaurée à partir de 1985. Elle a inspiré Fernand Pouillon dans son roman Les Pierres sauvages.

Je reprends mon cheminement. Le soleil brille et cela fait du bien après les grandes pluies de ces derniers jours. Le moindre rayon de soleil donne le moral. Je passe à Sainte-Croix, devant la bastide de Seguemagne.  

À Carcès, découverte de la petite chapelle romane de Saint-Jaume (Saint-Jacques en provençal), placée sous le vocable de saint Jacques le Majeur. En ruine, elle fut réhabilitée et consacrée en 2001.  Peu après, c’est la montée sous la chaleur (c’est bien) du col Saint-Vincent. Les chemins forestiers se succèdent. Je marche d’un bon pas.

Je passe Le Val, puis plus loin, passe sur le pont de l’autoroute. Brignoles n’est pas loin. Je rejoins l’office du tourisme où j’attends Jacques, mon accueillant du jour, qui arrive peu après.

En nous rendant à son domicile, nous passons devant la petite chapelle de la Gayolle située sur son domaine. Le site est très ancien puisqu'on y a trouvé des vestiges d'époque romaine, dont de nombreux sarcophages de pierre. L’un d’eux, daté de la fin du IIe siècle, est considéré comme le plus ancien sarcophage connu du monde chrétien. Sa face et son couvercle, ornés de bas-reliefs paléochrétiens, sont conservés au musée de Brignoles. J’en parle dans mon ouvrage Les mystères de Saint-Jacques de Compostelle. Encore, un hasard heureux de me retrouver en ce lieu béni.

L'extérieur de la chapelle de la Gayolle à La Celle (Var).
L'extérieur de la chapelle de la Gayolle à La Celle (Var).

L'extérieur de la chapelle de la Gayolle à La Celle (Var).

L'intérieur de la chapelle de la Gayolle à La Celle (Var).
L'intérieur de la chapelle de la Gayolle à La Celle (Var).
L'intérieur de la chapelle de la Gayolle à La Celle (Var).
L'intérieur de la chapelle de la Gayolle à La Celle (Var).

L'intérieur de la chapelle de la Gayolle à La Celle (Var).

Sarcophage trouvé à La Celle, visible au musée de Brignoles.

Sarcophage trouvé à La Celle, visible au musée de Brignoles.

Très belle soirée avec Magdeleine et Jacques les bien-nommés (demain, je suis à la Sainte-Baume), des accueillants généreux. Jacques ira nous chercher dans la cave une bonne bouteille de vin de sa cuvée personnelle. La notion d’agape, de partage est ancrée dans leurs traditions. Viticulteurs depuis sept générations (1855), le domaine est dirigé maintenant par Nicolas, leur fils.

Je suis déjà arrivé à mi-parcours de mon cheminement prévu.

À suivre.

Alain, dit Bourguignon la Passion.

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A
Voilà des endroits qui me rappellent de vieux souvenirs... mais, je n'ai jamais vu ce coin avec des chemins inondés ! Alors, pas de jaloux, on est en ce moment sous un sacré orage en Côte d'Or ... Gilbert
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