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Publié par Alain Lequien

   Je me lève vers 6h00, car cela s’agite beaucoup dans le refuge. Les sonneries s’alternent les unes et les autres, en fonction du réglage de chacun. J’ai décidé de partir seul, car mes réflexions personnelles de la veille sont loin d’être terminées. Je veux pouvoir non les mettre sous le boisseau, mais éviter qu’elles viennent me perturber au cours de la journée.

   Ceci est d’autant plus vrai qu’Éric et Bjorn, dans des langages différents, m’ont clairement dit que je devais être plus zen, prendre de la distance par rapport à mes émotions. En fait, arrêter de cogiter. « Ton esprit est trop en ébullition, m’a dit Éric, cela doit être difficile de te suivre ». Le message de Bjorn, en anglais, est différent : « Vis d’abord ton chemin, les conclusions, tu les retireras plus tard ». Si je reste au premier niveau, cela doit vouloir dire que je suis ennuyeux. Bon, je vais essayer de suivre ces conseils qui me paraissent judicieux.

   En partant, je rencontre une femme avec qui j’ai parlé deux jours auparavant. « Tu te souviens de moi ? » me demande-t-elle. En fait, c’est le trou, j’ai honte de lui avouer que non. Elle me décrit les faits, et me rappelle notre conversation intéressante. Elle était alors en couple, alors que maintenant, elle est seule. Je me confonds en excuses (c’est la seconde fois que cela m’arrive). Décidément, je perds la mémoire. Elle me dit avoir effectué le passage de la Tierra de Campos de nuit avec plusieurs personnes, dont Simon. Allant boire un café, j’accepte son invitation. Nous sommes bientôt rejoints par d’autres pèlerins.

   Il est temps de partir, j’ai envie de marcher. Je prends la direction de Lédigos village situé à six kilomètres, où je prends cette photo du soleil levant. Un moment où je suis en communication avec la nature. Je prends de nouveau un café américain avant de traverser le Rio Cueza et la direction de Terradillos de los Templarios où je découvre une belle église templière fermé. L’albergue du lieu ne laisse pas de doute en prenant le nom de Jacques de Molay,  le grand maître assassiné comme chacun sait sur un bûcher.

 

  J’avance maintenant vers Moratinos où je découvre un ensemble de panneaux permettant de récupérer l’énergie solaire. Au loin, non visible sur la photo, des éoliennes. Le peuple espagnol est très étonnant, loin des clichés que nous avons en France. Il est plus moderne que l’on croit, les agriculteurs bien équipés, travaillant avec un grand professionnalisme. C’est un pays moderne qui a su prendre le virage du XXIe siècle. Notre pays devrait s'en inspirer. Il n’y a qu’à regarder la propreté du moindre village…

   C’est l’heure de mon arrêt du matin avec pain, tomate et banane. Le lieu est bien choisi. Je suis rejoint par Bjorn qui s’y arrête pour faire le sien.

   Vers San Nicolás del Real Camino, je découvre un étonnant édifice. Maisons troglodytes ? Caves ? Cela ressemble à un décor de film italien sur le Far West.

   Rejoints au bar par Éric, nous prenons la direction de Sahagún en passant par l’Ermita de la Virgin del Puente après avoir rencontré des pêcheurs d’écrevisses dans la rivière.

Magnifique lieu avec son pont romain, inaccessible comme souvent. Tous les ans a lieu ici une romería, un pèlerinage avec distribution de pain et de fromage.  

 

  Nous arrivons dans les faubourgs de Sahagún. Il fait chaud. Heureusement, l’albergue de Cluny nous tend les bras pour quelques instants de repos. Saint Jacques est toujours présent, et je n’ai pas hésité à lui tendre mon bâton.

   Impossible de ne pas passer par l’ancienne abbaye San Benito dont la tour rappelle étrangement celle des fondateurs clunisiens. Éric part faire des courses alors que je reprends la route pour aller vers l’étape suivante. À la sortie de la ville, je suis interpellé par Bjorn qui m’invite à partager une pastèque énorme, bientôt rejoint par Éric. Cela ne se refuse pas. Puis Bjorn nous quitte, rejoignant un groupe qui passe. Il a dû aller plus loin, nous ne le reverrons plus ce jour-là.

Sahagún.Sahagún.
Sahagún.

Sahagún.

   Après dégustation du fruit, nous partons pour Calzada del Coto que nous atteignons sous le cagnard. Quatre kilomètres pénibles. En fait, il est 14h30 quand nous arrivons au refuge. Nous sommes quatre : Éric, un second Éric avec sa copine maltaise et votre serviteur.

   Ici, on est loin des grands refuges même s’il y a de nombreux lits. C’est modeste, mais l’essentiel est là. Après la douche, je fais un somme de deux heures. Après la photo de l’étonnante église, nous partageons le repas au bar du coin pour douze euros avec une grande bière. Tout va bien.

   Un peu de temps pour taper cette chronique, et au lit. Demain est un autre jour, le 51e de mon périple.

   Vers 22h00, je dors.

   À demain - Alain, Bourguignon la Passion.

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